Le marché de la conserve est en plein essor avec l'apparition massive de produits importés de Thaïlande, d’Indonésie, des États-Unis... dans les rayons des supermarchés et des épiceries. Le volume de produits en conserve (PC) consommé augmente en moyenne de 500 tonnes par an.


La scène se passe le week-end, au supermarché Co-op Mart Nhiêu Loc (3e arrondissement). Nguyên Thu Trâm, de l’arrondissement Tân Binh, Hô Chi Minh-Ville, fait ses courses et cherche des produits pour ses enfants (lait, saucisses, viande de bœuf et thon en conserve). En effet, dans quelques jours, ces derniers vont partir en voyage.


«Mes enfants iront à la plage mais ils n’ont pas l’habitude de manger de nouveaux aliments. Je dois donc leur acheter ce qu’ils aiment afin de les satisfaire», indique Mme Trâm.


Bien que les aliments en conserve (AC) ne soient pas parmi les choix prioritaires quotidiens, aujourd’hui ils sont bien inscrits dans la liste d’achat de cette consommatrice. «A cause de mon travail, je n’ai pas beaucoup de temps libre pour préparer régulièrement de bons repas. Les aliments en conserve sont très pratiques», ajoute-t-elle. Pourtant, Mme Trâm ne sait que choisir devant la pléthore de boîtes en tous genres venues de Thaïlande, de Malaisie, des États-Unis, des Pays-Bas… à côté des marques vietnamiennes telles que Vissan, Seapimex, Ha Long… Surprise, Mme Trâm commente : «Auparavant, je ne voyais que du poisson à la sauce tomate dans les étagères. Mais, maintenant, il y a un vaste choix de conserves thaïlandaises».


Selon les vendeurs au détail, les conserves thaïlandaises se consomment très bien au Vietnam, notamment, tout ce qui est poisson. Bien qu’ils soient plus chers que les produits vietnamiens d'environ 15%, ils restent très compétitifs.


Pour les produits haut de gamme, la concurrence reste saine. Mais pour les produits «premier prix», les marques locales et étrangères se livrent à une rude compétition. Nguyên Thi Tuyêt, employée de Big C Pandora, a indiqué que les viandes en conserve sont consommées de manière régulière tout comme les nouilles, les produits laitiers ou les saucisses.


Une observation attentive de ce supermarché montre que la zone réservée aux produits carnés en conserve est limitée, mais dispose pourtant de marques et de catégories variées. C’est le cas pour le porc (pâté, bouchée ou tranches). Du côté des produits de la mer, le choix est également abondant avec maquereau, chinchard, hareng, thon.


Une diversification nécessaire


La compagnie Vissan domine aujourd’hui le marché de la conserve. Elle propose plus de 100 variétés de bœuf, de porc, de poulet et de poisson. Le porc et le bœuf sont les plus recherchés. Depuis deux ans, la plupart des produits en conserve sont achetés par une clientèle plutôt citadine. Mais aujourd’hui, les habitants des zones rurales consomment de petites boîtes. «En 2010, Vissan était le leader sur le marché des conserves et représentait 29% du segment +viande en conserve+. Mais ce n’est plus le cas depuis l'arrivée des distributeurs étrangers», fait savoir un représentant de Vissan.


Selon Nguyên Duy Dang, directeur de la compagnie des aliments MIDA, le marché vietnamien de la conserve est varié avec aussi bien des produits de la mer, des produits carnés, des fruits ou légumes. Le poisson représente 28% des parts de marché, suivi par légumes et viandes. Mais les entreprises vietnamiennes sont passées à la vitesse supérieure...


«Bien que l’indice de croissance des produits en conserve n’atteigne plus actuellement les deux chiffres, sa croissance reste optimale pour de nombreuses entreprises domestiques en raison des technologies de transformation qui ne nécessitent pas d’investissements élevés», indique M. Dang. Nguyên Ngoc Tuân, directeur d’une compagnie d’import-export (arrondissement de Thu Duc), relève : «Actuellement, nous avons beaucoup de commandes sur les produits en conserve importés des pays étrangers, en particulier de Thaïlande, Malaisie et Indonésie. Les entreprises étrangères sont en train de mesurer les besoins du marché vietnamien pour avoir des stratégies appropriées lorsque le Vietnam appliquera le protocole AFTA (Zone de libre-échange de l’ASEAN) en 2015».


Selon M. Tuân, les prix des produits en conserve importés sont actuellement plus élevés que ceux des produits domestiques, de l’ordre de 10-15%. Lorsque les barrières tarifaires seront supprimées dans les pays de l’Asie du Sud-Est, cet avantage n’existera plus.


En outre, l'avantage des entreprises domestiques réside dans une meilleure connaissance des goûts des consommateurs vietnamiens. Mais, cet avantage reste flou dans la mesure où les Vietnamiens aiment de plus en plus aussi les saveurs venues d’ailleurs.


M. Dang a suggéré que pour une meilleure compétitivité des conserves domestiques, les entreprises vietnamiennes doivent élaborer des plans stratégiques. Il est nécessaire aussi de diversifier les conserves de fruits, où le Vietnam a de sérieux atouts à faire valoir. -CVN/VNA