Les chants populaires Ví et Giặm reconnus patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Au nom de l’organe subsidiaire
relevant du Comité intergouvernemental, le vice-président dudit comité a
lu le rapport d’évaluation apprenant que le dossier de candidature des
chants populaires Ví et Giặm était très clair et convaincant ; il montre
que le Ví et le Giặm sont une forme musicale populaire chantée par une
grande diversité de communautés vietnamiennes des provinces de Nghệ An
et Hà Tĩnh dans la partie nord du Centre du Vietnam. Dans le dossier,
les organes compétents du Vietnam ont fourni des informations cohérentes
sur ces chants qui honorent les vertus et valeurs fondamentales, et qui
sont transmis de génération en génération.
Selon le
vice-président, l’organe subsidiaire a pris en estime le contenu ainsi
que les valeurs morales de ces chants et recommandé d’inscrire le Ví et
le Giặm sur la Liste représentative des patrimoines culturels
immatériels de l’humanité. Après sa lecture, les avis apportés par les
Etats parties ont salué la qualité du travail réalisé pour le dossier du
Vietnam, lequel a été rapidement adopté. Après le coup de marteau du
président du Comité intergouvernemental José Manuel Rodriguez Cuadros
officialisant l’adoptation de la résolution d’inscription, l’assemblée
s’est levée pour complimenter la délégation vietnamienne.
Dans son discours, la vice-ministre vietnamienne de la Culture, des
Sports et du Tourisme, Mme Dang Thi Bich Lien, a estimé qu’il s’agissait
d’une décision importante pour le Vietnam. Les chants Ví et Giặm, qui
se pratiquent dans les villages de Nghe An et Ha Tinh, sont liés à la
vie quotidienne de la population. Les gens les entonnent, par exemple,
lors des travaux rizicoles, lorsqu'ils rament en barque, fabriquent des
chapeaux coniques et bercent des enfants.
"Les chants
populaires Ví et Giặm occupent une place importante dans la vie
culturelle et spirituelle des habitants de Nghệ Tĩnh. Ils reflètent leur
identité culturelle, se transmettent de génération en génération et
sont promus dans la vie quotidienne. Les gens des villages de Nghệ Tĩnh
aiment chanter des airs de ví et de giặm. Chanter leur permet de rendre
leurs conditions de travail moins pénibles, d’atténuer les épreuves de
leur existence, d’exprimer les sentiments entre les hommes et les femmes
et d’échanger des sentiments d’amour entre garçons et filles non
mariés. Le chant Ví et Giặm est un mode de partage, d’échange et de
dialogue. À travers lui, ce sont les problèmes de la communauté qui
s’expriment et cela permet de renforcer la cohésion sociale", a-t-elle
précisé.
Elle a affirmé que le Vietnam est conscient que
désormais ce chant folklorique est devenu une propriété culturelle de
l’humanité et que le Vietnam s’engage à mettre en œuvre un plan d’action
pour perdurer la vitalité et mettre à l’honneur les maîtres et
chanteurs praticiens, à favoriser la transmission à la jeune génération.
Un point de vue partagé par les dirigeants des deux
provinces de Nghe An et Ha Tinh. Lors des interviews en marge de la
session, M. Nguyen Thien, vice-président permanent du Comité populaire
de Ha Tinh et Mme Dinh Thi Le Thanh, vice-présidente du Comité populaire
de Nghe An, ont exprimé leur émotion et leur fierté face à cette
reconnaissance. Ils sont également conscients de la lourde mission de
valoriser ce patrimoine de créer des conditions pour qu’ils se
perpétuent, ce pour contribuer au développement de l’identité culturelle
de leur localité ainsi que son développement durable.
Pour sa part, le musicologue Tran Hai Quang, a fait part de sa fierté de
l’inscription de ces chants populaires après le Hat Xoan (art
folklorique pour honorer les rois fondateurs Hùng, les génies tutélaires
des villages, la nature, la vie et le travail, pratiqué dans la
province de Phu Tho), le quan ho (le chant alterné de la province de Bac
Ninh) et le don ca tai tu (chant amateur original du Sud du Vietnam).
D’après lui, ces chants sont la cristallisation de la créativité
musicale et poétique des habitants de Nghệ Tĩnh. Son inscription
permettra de développer la création d’une présentation artistique et de
modes d’expression orale qui emploient un dialecte régional, ce qui
garantit le respect de la diversité culturelle de l’humanité.
Durant sa 9e session, le Comité intergouvernemental de sauvegarde du
patrimoine culturel immatériel a reconnu 34 patrimoines sur un total de
46 candidatures. Outre les chants Ví et Giặm, le Comité a inscrit aussi
la kopatchkata, danse communautaire du village de Dramtche, le Pianets
(Macédoine) ; l’Al-Zajal, poésie déclamée ou chantée (Liban) ; l’askiya,
l’art de la plaisanterie (Ouzbékistan) ; le cante alentejano, chant
polyphonique de l’Alentejo (Portugal) ; le nongak, groupes de musique,
danse et rituels communautaires (République de Corée) ; l'Ebru, l’art du
papier marbré (Turquie)…
A ce jour 314 éléments ont été inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.- VNA