L’ancien tombeau de Cu Thach-Hàng Gon, dans la province de Dông Nai (Sud), a été découvert en 1927 par un Français. Après plusieurs fouilles, le voile n’est pas prêt d’être levé sur les techniques de manipulation des blocs de marbres monolithiques qui le constituent et l’identité du défunt.

C’est en 1927 que le Français J. Bouchot, un des ingénieurs des ponts et des chaussées chargés du chantier de construction d’une route reliant le chef-lieu de Long Khanh (province de Dông Nai) et la province de Bà Ria-Vung Tàu (actuellement la route nationale 56), découvre l’ancien tombeau de Cu Thach-Hàng Gon. Le site se trouve précisément dans la commune de Hàng Gon, district de Long Khanh, province de Dông Nai (Sud). Selon ses descriptions, sa structure massive se compose de deux parties : le tombeau à proprement parler et ses environs. De forme rectangulaire, il est constitué de six grandes dalles monolithiques. Les environs qui l’entourent montrent les traces d’une dizaine de colonnes en pierre installées par paires.

En 1984, le tombeau de Cu Thach-Hàng Gon a été reconnu vestige historique au niveau national par l’ancien ministère de la Culture et de l’Information (aujourd’hui ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme).

De nouveaux détails mis en lumière...

Après cette première découverte du Français J. Bouchot, plusieurs missions d’archéologues vietnamiens et étrangers se sont relayées afin de poursuivre les recherches. De nouveaux détails ont été mis en lumière. Les fouilles co-réalisées en 1996 par le Musée provincial de Dông Nai et le Centre archéologique de Hô Chi Minh-Ville ont couvert une zone supplémentaire, s’étendant jusqu’à 60 m à l’est du tombeau. Les archéologues y ont ramassé des échantillons de pierres semblables à ceux du tombeau, et en ont déduit qu’il s’agissait du chantier où les blocs ont été travaillés. Dix ans plus tard, le Comité de gestion des vestiges historiques et des sites touristiques de la province de Dông Nai et le Centre archéologique du Nam Bô oriental ont encore élargi les fouilles, avec cette fois la découverte de fragments de poteries antiques, de traces de cendres, d’un outil servant à affiler les pierres et de deux cors en bronze. Les résultats des analyses montrent que le site a été bâti entre 150 ans avant notre ère et 240 après J.-C.

… pour de nouvelles zones d’ombre

Les résultats des fouilles semblent dévoiler une toute petite partie de l’histoire de ce tombeau. Car malgré tout, le site laisse encore planer de gros mystères et pose un vrai défi aux archéologues chevronnés. La première énigme est celle de l’identité du défunt. J. Bouchot avait émis l’hypothèse que cette construction avait un rapport avec les dolmens, les fameux monuments mégalithiques bâtis en blocs de pierre et recouverts d’un tumulus. Il pensait aussi que la construction de cet ouvrage avait été prise en charge par les habitants locaux, peut-être des ethnies Gia Rai de la région, sans toutefois aller plus loin. D’autres hypothèses, données par les scientifiques, font état que cette sépulture est dédiée à une personne faisant partie d’une force armée puissante ou d’une organisation militaire. Toujours dans ce sens, il devait, d’après eux, être dédié à un chef d’une tribu quelconque. Le tombeau constitue aussi un défi technique et logistique : comment a-t-on transporté à l’époque, sans réseau routier ni voies fluviales, ces grosses dalles pesant jusqu’à plusieurs dizaines de tonnes en provenance de Dà Lat et de Phan Rang, à plusieurs centaines de kilomètres de là ? Le tombeau de Cu Thach-Hàng Gon est en effet le plus imposant de la région avec 4,2 m de long, 2,7 m de large pour 1,6 m de hauteur, le tout fait à partir de 6 pierres monolithiques dont la surface a subi un travail de polissage des plus soignés. Les colonnes installées aux alentours mesurent de 3 à 10 m de haut.

La version d’un vieil autochtone

D’après Nguyên Van Sau, 77 ans, un ancien combattant de l’Armée populaire vietnamienne actuellement chargé de l’entretien et de la protection du tombeau, le site a été construit pour commémorer un général de cour royal revenu de la bataille et ayant trouvé la mort en ce lieu. M. Sau raconte qu’avant 1927, le tombeau était en parfait état. « Des personnes âgées m’ont raconté qu’en 1927, Ba Rê, un Vietnamien de père français et de mère vietnamienne, est venu ici créer une plantation d’hévéa. Il a fait fouiller la tombe dans l’espoir d’y dégoter des objets précieux. De fait, il trouva une épée en bronze, un chapeau du roi, une paire d’alliances et divers bijoux» . Selon le vieil homme, les objets retirés du tombeau ont été immédiatement acheminés vers la France. Fait étrange : tous les ouvriers ayant participé à ces travaux ont trouvé la mort quelques jours après. - VNA