Le Village de l’amitié, oasis des victimes de l’agent orange
Situé au centre de la commune de Vân Canh,
district de Hoài Duc, à Hanoi, le Village de l’amitié du Vietnam se
cache sous les longaniers chargés de fruits. Les allées qui mènent aux
maisons sont pavées et entourées de verdure. Le calme règne. Le
contraste avec l’activité frénétique des rues de Hanoi est saisissant.
Offrir un nouveau cadre de vie
Dans le jardin faisant
face aux maisons du village, quelques enfants se réunissent à l’ombre
des arbres pour jouer et bavarder. D’autres s’amusent sur les structures
de jeux. Le village ressemble à un parc.
Après avoir
joué au foot, Ngoc, 14 ans, originaire de la province de Hà Tinh
(Centre), revient dans la maison T6 où sont soignés 21 jeunes.
«Mes parents ont été tous les deux victimes de l’agent orange. Mon père
est décédé quand j’avais 4 ans. Ma mère, actuellement en mauvaise
santé, doit s’occuper de mon grand-père lui aussi victime du défoliant»,
partage Ngoc. «Je suis très heureux de vivre ici, les +house-mothers+
sont toutes dévouées. Actuellement je suis des cours de couture et
d’informatique», continue-t-il. Et d’ajouter : «Plus tard, je souhaite
trouver un emploi stable pour pouvoir m’occuper de ma mère et de mon
grand père».
De nombreux enfants du village suivent cinq
cours adaptés : enseignement général, apprentissage des métiers manuels,
classes de broderie, de couture et de fabrication de fleurs en soie et
enfin cours d’informatique.
Dans une autre maison du
village, les vétérans discutent de l’actualité. Dans sa chambre, Nguyên
Van Ninh, 83 ans, originaire de la province de Vinh Phuc, regarde un
programme de divertissement à la télévision. «Je suis arrivé il y a deux
semaines. Je souffre de plusieurs maladies. Chaque jour, je bénéficie
de consultations, de soins et de traitements médicaux. Ma santé
s’améliore», partage-t-il. Lui aussi a été victime de l’agent orange
déversé par l’armée américaine pendant la guerre.
S’intéresser au caractère de chacun
Les enfants handicapés sont soignés dans six maisons et les vétérans
dans une maison. Les «house-mothers», responsables des maisons, ont
chacune en charge 20 jeunes. Elles s’occupent de leur hygiène, des
repas, de leur bien-être, de même qu’elles veillent à la propreté des
lieux.
Trân Thi Ban, mère de la maison T6, travaille dans
le village depuis neuf ans. «Je travaille ici 20 heures sur 24 tous les
jours et je ne reste chez moi que deux heures le matin et deux heures
le soir, partage-t-elle. Les premiers jours, je me sentais incapable de
m’occuper de ces enfants, tous atteints de troubles mentaux. Ils ne sont
pas tous capaples d’être indépendants. Ils crient régulièrement, et
même parfois se battent. Mais ces jeunes sont tous des enfants de
vétérans qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance du pays et la
liberté du peuple. Je souhaite contribuer à adoucir un peu leur douleur.
J’ai le sentiment de faire un travail qui a du sens». Les
«house-mothers» doivent comprendre la personnalité de chaque enfant et
ne pas se contenter de connaître leur nom, leur âge, leur origine.
«Pour s’occuper de ces enfants, les +house-mothers+ doivent être
patientes et avoir du coeur. Nous devons nous intéresser aux habitudes,
au caractère et au goût de chaque enfant», fait savoir Bach Thi Hoa,
responsable de la maison T4. Et de confier : «Les difficultés et la
fatigue ne l’emportent pas sur le bonheur de voir les enfants faire des
progrès, réaliser un travail simple ou nous dire quelques mots exacts».
Symbole de paix et de solidarité internationale
Selon Nguyên Thi Dung, cadre administrative du village, ce dernier
soigne actuellement 120 enfants handicapés, victimes de l’agent orange
et 60 vétérans venus de 34 provinces et villes touchées par le défoliant
toxique. Les vétérans y viennent en convalescence, à tour de rôle, pour
un mois maximum. Les enfants quant à eux y restent de quatre à cinq
ans.
Le Village de l’amitié du Vietnam a été fondé à
l’initiative de George Mizo, un vétéran américain de la guerre au
Vietnam, en collaboration avec des vétérans de six pays
(Grande-Bretagne, France, États-Unis, Allemagne, Japon, Canada). Il est
un symbole de solidarité internationale pour la paix et l’amitié.
Dix-sept ans après sa mise en service, le Village dispose aujourd’hui
de chambres, d’un réfectoire, d’une bibliothèque, de salles de classe
pour les enfants et d’un centre médical moderne. Il a accueilli au total
plus de 5.000 vétérans de guerre, anciens jeunes d’avant-garde,
victimes de l’agent orange et près de 600 enfants. -CVN/VNA