Hanoi (VNA) - Le prix de l’or noir a encore diminué de 10% au début de janvier 2016 et risque de passer sous la barrière psychologique des 30 dollars (contre 110 dollars) avant de dégringoler. Quelles en seront les conséquences pour le Vietnam ?

Les économistes et les experts du pétrole, qui se sont beaucoup trompés sur l’évolution des cours ces dernières années, se posaient tous la même question le 12 janvier dernier, après une journée calamiteuse sur les marchés pétroliers : jusqu’où tombera le prix du baril ? Ce dernier est brièvement descendu sous les 30 dollars à New York avant de repasser ce seuil en fin de séance ? Trois banques américaines, Morgan Stanley, Goldman Sachs et Citigroup, estiment qu’il va enfoncer le plafond des 30 dollars et pourrait même avoisiner les 20 dollars – une prévision établie par Goldman Sachs dès septembre 2015.

Le Vietnam se prepare pour une chute sans fin du prix de petrole hinh anh 1Le Vietnam a appliqué la suspension de l’exploitation des gisements à coût de production élevé. Photo : Hà Thai/VNA/CVN

Le groupe de Pétrole du Vietnam (PVN) a élaboré six scénarios financiers pour 2016 sur la base d’un baril au niveau de 60, 55, 50, 40, 35 et 30 dollars. Au niveau de 60 dollars le baril, PVN va réaliser un chiffre d’affaires total de 514.500 milliards de dôngs et versera au budget d’Etat 104.000 milliards de dôngs. Au niveau de 30 dollars le baril, les chiffres sont respectivement de 354.600 milliards de dôngs et 57.300 milliards de dôngs. C’est, aujourd’hui, le pire des scénarios qui se réalisent. En effet, le cours d'un baril de pétrole n’est que de 30 dollars tandis que le coût de production du PVN est en moyen de 24,4 dollars/le baril. Lê Minh Hông, vice-directeur général de PVN a annoncé une série des mesures pour limiter ces pertes : avec une diminution des frais de 10-20% pour les activités, une suspension de l’exploitation dans les gisements au coût de production élevé, une accélération de la production des produits d’atout (comme l’essence et pétrole), et enfin, l’électricité et les engrais pour augmenter le chiffre d’affaires.

Chaque baisse d’un dollar du cours du pétrole, PVN accuse une chute de 5.400 milliards de dôngs du chiffre d’affaires, selon le président du Conseil d’administration du PVN, Nguyên Quôc Khanh. Face à ces difficultés, les compagnies pétrolières taillent dans leurs effectifs. La coentreprise Vietsovpetro a même annoncé 400 suppressions d’emplois. Vietsovpetro est tombée dans une période la plus difficile, a estimé son directeur général Tu Thành Nghia, avec un déséquilibre financier de plus de 200 millions de dollars.

La baisse du cours du pétrole donne également un nouvel essor au Vietnam

L’an dernier, les recettes provenant du pétrole ne représentaient que 6% du budget de l’État, contre 11% en 2014. Le ministère des Finances s’efforçait de remplir les pertes des recettes provenant du pétrole par la réception des impôts dans le pays et des activités d’import-export.

Le Vietnam se prepare pour une chute sans fin du prix de petrole hinh anh 2Le cours mondial du baril de pétrole est à son niveau le plus faible depuis 12 ans.
D'un point de vue économique, la chute du prix du pétrole ces derniers temps a eu des retombées positives, en réduisant les coûts de production des entreprises et donc les dépenses des Vietnamiens. La baisse du cours du pétrole a donné un essor au Vietnam qui doit chercher de nouvelles sources de recettes et d’autres capacités de croissance économique ainsi qu'à dépendre moins de cette ressource naturelle. Des experts ont donc proposé de restructurer en profondeur l’économie, de réformer la Constitution, et de profiter des avantages de la chute du cours pour jeter les bases d'un développement plus vigoureux dans le futur afin que les recettes budgétaires du pays ne dépendent plus du pétrole brut.

Sous l’angle optimiste, le docteur Nguyên Duc Dô, vice-directeur de l’Institut de l’économie et des finances, considère que la baisse du cours du pétrole entraînera une réduction du prix des carburants sur le marché domestique. D’où des opportunités de développement de la production comme des investissements, et, finalement, doper la croissance du PIB. La baisse des cours du pétrole a d’autres avantages : une baisse du prix de l’essence de 20% entraînera une réduction du coût de la production de plus de 1%, sans parler de l’indice des prix à la consommation (IPC) - une baisse de 10% diminue l’IPC de 0,55%. -CVN/VNA