Le pont de Rach Chiec, ancien théâtre de durs combats
Les derniers jours d'avril 1975, la
campagne Hô Chi Minh a remporté victoires sur victoires. Les troupes de
l'Armée populaire du Vietnam avançaient vers Saigon, dans différentes
directions. Pour accéder à Saigon depuis l'Est, le pont de Rach Chiec
revêtait une importance stratégique.
Le 26 avril 1975,
le commandement de la campagne a ordonné aux commandos en mission
secrète aux alentours de Saigon de s'emparer du pont pour favoriser
l'attaque du Palais de l'Indépendance. Une mission assignée aux
bataillons 81, Z22 et Z23 de la brigade des commandos 316. Le lieutenant
Nguyen Duc Tho, ancien agent de liaison et soldat chargé de la
reconnaissance de la brigade 316, a tiré la première roquette.
"Quand nous avons reçu l'ordre de nous emparer du pont de Rach Chiec,
nous avons ressenti une sorte d'exaltation. Nous savions que le combat
serait très dur mais nous étions confiants, et tout le monde s'y est
préparé avec entrain. Nous n'avons pas hésité et nous avons agi très
rapidement, avec détermination", raconte le lieutenant Nguyen Duc Tho.
Le pont de Rach Chiec ne faisait qu'une centaine de mètres de longueur
mais il s'agissait du plus dur à traverser. Les ennemis étaient nombreux
et prêts à faire sauter le pont pour empêcher les troupes de l'Armée
populaire d'avancer. Les commandos de la brigade 316 étaient en position
de faiblesse, en matière d'effectifs et d'armement. Plus de 200 soldats
ont vaillamment combattu et pris possession du pont après trois jours
et nuits de combat, ouvrant la voie aux chars de l'Armée populaire pour
qu'ils entrent dans la ville. Le pont de Rach Chiec a été le théâtre du
dernier dur combat de la campagne Hô Chi Minh.
Selon le
sous-capitaine Nguyen Van Thuat, ancien membre du bataillon 81 de la
brigade de commandos 316, le plan était que les commandos attaquent le
pont et bouleversent la stratégie des ennemis. Le pont n'était qu'à 6 km
du centre de Saigon. Il était protégé par un grand nombre d'ennemis. La
BBC a dit qu'une unité spéciale et exercée de Viêt-congs l'avait
attaqué, que l'armée de Saigon avait répondu mais n'avait pas la
supériorité, et que les deux parties s'affrontaient violemment. "Notre
stratégie était d'attaquer Saigon depuis trois ou quatre directions. Les
ennemis pensaient que nous n'oserions pas prendre cette direction car
ils s'étaient préparés pour faire du pont de Rach Chiec un "moulin à
chair" de Viêt-cong", rappelle le sous-capitaine Nguyen Van Thuat.
Après la libération du Sud et la réunification du pays, un mémorial a
été érigé au Sud-Ouest du pont de Rach Chiec en mémoire des soldats de
l'Armée populaire tombés lors de ce combat. 52 commandos sont tombés
ici. Le mémorial a été construit grâce aux fonds recueillis auprès
d'anciens combattants, de familles de morts pour la Patrie et d'autres
généreux donateurs. Le mémorial de granite fait 2 mètres de hauteur et
raconte les sacrifices des soldats lors des derniers jours de la guerre,
peu avant la victoire finale.
En septembre 2009, un
nouveau pont a été mis en chantier pour remplacer l'ancien. La nouvelle
construction a été inaugurée le 10 juillet 2012. Le nouveau pont fait
736 mètres de long, 48 mètres de large et comprend 10 voies. Les navires
peuvent même passer en dessous.
En février 2015, Hô Chi
Minh-Ville a mis en chantier un autre pont de Rach Chiec sur le
périphérique Est dans son 9e arrondissement. Les travaux devront prendre
fin en décembre. De nouveaux ponts remplaceront graduellement l'ancien
mais le nom du pont de Rach Chiec sera toujours attaché à l'épopée
héroïque des soldats de la brigade de commandos 316.-VNA