Le ministre libyen des AE démissionne
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a subi un
revers avec le départ de son ministre des Affaires étrangères Moussa
Koussa, mais sur le terrain, ses forces sont parvenues à faire reculer
dans l'est du pays des forces rebelles désorganisées.
Selon l'AFP, à 06H00 GMT jeudi, l'Otan a pris le commandement de toutes
les opérations en Libye, succédant à la coalition multinationale, a
indiqué un diplomate allié, alors que le New York Times faisait état du
déploiement d'agents de la CIA pour prendre contact avec la rébellion
et guider les raids aériens.
Sur le plan politique, le
colonel Kadhafi a subi un grave revers avec la démission de son
ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, une des principales
figures du régime, annoncée à son arrivée mercredi soir à Londres.
"Sa démission montre que le régime de Mouammar Kadhafi, qui a déjà
enregistré des défections significatives, est divisé, sous pression et
s'effondre de l'intérieur", a déclaré le chef de la diplomatie
britannique, William Hague.
Il a assuré que "Moussa
Koussa ne se verra pas offrir d'immunité par la justice britannique ni
par la justice internationale". "Il s'entretient actuellement de son
plein gré avec des responsables britanniques".
Moussa
Koussa, 59 ans, est connu pour avoir activement participé ces dernières
années au retour de la Libye dans le concert des nations fréquentables.
Il avait été nommé ministre en mars 2009, après avoir été chef des
services de renseignements de 1994 à 2009.
Le
porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, a confirmé la démission de M.
Koussa, affirmant qu'il avait eu la permission de quitter le pays pour
des soins médicaux en Tunisie. Il a souligné que le régime "ne
dépendait pas d'individus", assurant que le colonel Kadhafi et ses
enfants resteraient dans le pays "jusqu'à la fin".
Sur
le terrain, des affrontements ont lieu en fin de matinée autour du
terminal pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli), selon des
témoignages recueillis par un journaliste de l'AFP. Des avions
survolaient la région où plus tôt cinq explosions avaient été
entendues, selon des témoins.
Mercredi, la coalition
internationale avait mené un raid aérien contre les forces loyalistes à
l'ouest d'Ajdabiya, salué par les rebelles qui réclamaient la reprise
des frappes, stoppées plusieurs jours plus tôt.
Les
forces loyalistes ont repris mercredi le port pétrolier de Ras Lanouf,
370 km à l'ouest du fief des rebelles Benghazi, et progressé vers
Brega. Tripoli a été survolé dans la nuit par des appareils de la
coalition, avant que des explosions ne soient entendues dans la
banlieue de Salaheddine, au sud-est de la capitale, a rapporté un
témoin à l'AFP.
Le plus haut gradé américain, l'amiral
Mike Mullen, a affirmé que l'armée libyenne n'avait pas encore atteint
le point de rupture, même si les frappes avaient mis hors de combat
près d'un quart des forces pro-Kadhafi.
L'émir du Qatar
a indiqué que l'inaction de la Ligue arabe avait conduit à
l'intervention de la communauté internationale. Le secrétaire général
de l'Otan Anders Fogh Rasmussen s'est opposé à l'idée d'armer les
rebelles, estimant que l'Otan intervient militairement "pour protéger
le peuple libyen, et non pour armer le peuple".
Le
ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a quant à lui affirmé
que la livraison d'armes à la rébellion n'était "pas à l'ordre du jour"
car non "compatible" avec la résolution de l'ONU.
Paris,
Washington et Londres indiquaient depuis mardi ne pas exclure d'armer
les rebelles, une proposition rejetée par plusieurs pays membres de la
coalition.
Un navire humanitaire, en provenance de Malte
avec 150 tonnes d'aide médicale et alimentaire, a par ailleurs pu
apporter un soutien jeudi aux habitants de Misrata. Pendant ce temps,
les prix du pétrole montaient nettement à l'ouverture à New York: vers
13H10 GMT, le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai
s'échangeait à 106,39 dollars, en hausse de 2,12 dollars par rapport à
la veille. - AVI