Le Premier ministre japonais Naoto Kan a annoncé mardi que son gouvernement était "en état d'alerte maximale" au regard de la situation de la centrale de Fukushima Daiichi, selon les médias rapportés par l'AFP.

M. Kan a souligné que la situation restait "imprévisible", les systèmes de refroidissement de quatre réacteurs sur six demeurant non fonctionnels et les fuites radioactives se multipliant depuis le 11 mars. Le gouvernement "va s'attaquer à ce problème dans un état d'alerte maximale", a-t-il insisté lors d'une réunion de la commission budgétaire du Sénat.

Le séisme d'une magnitude de 9,0 sur l'échelle ouverte de Richter qui est survenu le 11 mars dernier dans le Pacifique au large du du nord-est et de l'est du Japon a entraîné ensuite un énorme tsunami.

De très considérables pertes humaines et matérielles, à proprement parler catastrophiques, en sont résultés dans ce pays habituellement exposé à ce genre de phénomène naturel.

L'agence nationale de la police japonaise a déclaré mardi que le séisme catastrophique et le tsunami dévastateur ont fait à ce jour, un total provisoire de 11.082 morts et de 16.717 disparus au Japon.

Par ailleurs, des traces de plutonium ont été détectées dans le sol de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi où de l'eau fortement radioactive s'est échappée des bâtiments des réacteurs, laissant craindre une pollution massive du site.

Un porte-parole de Tokyo Electric Power (Tepco), opérateur de cette centrale, a déclaré que le taux de plutonium trouvé dans cinq prélèvements ne présentait pas de danger pour la santé et qu'il était équivalent à celui détecté au Japon après des essais nucléaires réalisés dans des pays voisins.

"Les échantillons ont mis en évidence la présence de plutonium 238, 239 et 240", a-t-il précisé, ajoutant que "la faible concentration ne présente pas de danger pour la santé".

Le réacteur 3, dont le toit du bâtiment a été soufflé par une explosion, est le seul à contenir du MOX (mélange d'oxydes de plutonium et d'uranium) dont les rejets radioactifs sont généralement considérés comme les plus dangereux.

Toutefois, le plutonium peut également provenir d'un autre réacteur fonctionnant seulement à l'uranium car 30% de l'énergie produite provient de la conversion de l'uranium en plutonium durant la fission du premier.

De l'eau fortement radioactive a inondé le sous-sol de la salle des machines des réacteurs 1, 2 et 3, et s'est également déversée dans des tunnels techniques en sous-sol.

"Nous avons retrouvé de l'eau accumulée dans des puits de regard d'une tranchée souterraine débouchant à l'extérieur du bâtiment du réacteur 2 dont le niveau de radioactivité est supérieur à 1.000 millisieverts par heure", a precisé Tepco.

Le tsunami a interrompu le fonctionnement des circuits de refroidissement du coeur des réacteurs et des piscines de combustible irradié, provoquant un début de fusion des barres de combustible, qui sont très vraisemblablement endommagées.

La fusion des coeurs a pu être maîtrisée par les techniciens de Tepco qui ont arrosé les réacteurs jour et nuit à l'aide de lances à incendie. Mais le taux très élevé de radioactivité mesuré à la surface de la nappe d'eau retrouvée dans le bâtiment du réacteur 2 laisse supposer que cette eau a été directement en contact avec le combustible, ce qui laisse craindre une perte de confinement du coeur d'un des réacteurs.

Les puits de regard des trois tunnels sont situés à une soixantaine de mètres de l'océan Pacifique et l'eau contaminée pourrait déjà être parvenue jusqu'au rivage, a reconnu le porte-parole de Tepco. - AVI