L’adhésion des invalides de guerre au club handisport de Hanoi est perçue pour nombre d’entre eux comme un second engagement dans l’armée. Ici, ils retrouvent de l’entrain, de l’énergie et de la santé pour affronter plus sereinement un quotidien souvent délicat.

Le directeur du club handisport de Hanoi, Ngô Anh Tuân, se souvient d’une anecdote lorsqu’il s’occupait des invalides de guerre pratiquant dans son club. C’était il y a plus de 20 ans. Avant de travailler dans ce club, Ngô Anh Tuân a passé une partie de sa vie en qualité de conseiller à l’hôpital Bach Mai de Hanoi. Ce qui explique pourquoi il a un si bon contact avec les invalides de guerre et peut parfaitement comprendre ce qu’ils ressentent. Pourtant, à ce moment-là, «j’ai fait une erreur et en ait tiré des enseignements précieux», se souvient-il.

L’histoire se déroule pendant un cours de tennis de table. Alors que la balle tombe par terre, au lieu de la ramasser, puis de la redonner au joueur, le jeune Tuân lui a lancé, occultant le fait qu’il s’agissait d’un invalide, qui plus est de guerre. «J’ai eu une de ces hontes en entendant les gens me dire : +Qu’est-ce que tu viens de faire ?», avoue Ngô Anh Tuân. Lorsque l’on travaille avec des gens qui ont laissé une partie d’eux-mêmes au champ d’honneur, c’est un geste inadmissible.

Des gens spéciaux

En nous racontant cette anecdote, Ngô Anh Tuân veut souligner que les sportifs handicapés sont des personnes particulières, notamment les invalides de guerre. Il faut être aux petits soins avec eux pour qu’ils aient le sentiment d’être vraiment respectés. Un respect qu’ils méritent plus que quiconque, de par leurs actes et leurs sacrifices pour le pays.

À l’heure actuelle, le club handisport de Hanoi compte 11 invalides de guerre, dont un qui est le fils d’un mort pour la Patrie. Tous ont plus de 50 ans et le doyen en a plus de 70. Pour eux, le sport présente bien des avantages, aussi bien en termes de santé et de bien-être physique qu’en termes d’allant.

«Je suis resté plusieurs années sans pouvoir faire d’activité physique. Ma santé était donc très mauvaise. Je ne pesais plus que 38 kg. En 1989, le jour où j’ai commencé à participer au club handisport de Hanoi, j’ai commencé à me sentir beaucoup mieux physiquement, mais aussi mentalement. Le sport a redonné un sens à ma vie», confie Nguyên Xuân Tùng, pongiste. Il est aussi le membre le plus fidèle du club, avec 25 ans d’ancienneté. Aujour-d’hui, peu de personnes sont capables de deviner son âge exact en raison de son style jeune et dynamique. M. Tùng n’en est pas peu fier : «J’ai déjà plus de 60 ans. Je maintiens toujours mon poids de 52 kg».

Comme Nguyên Xuân Tùng, avant de rejoindre le club handisport de Hanoi, la santé de Vu Dang Chi, fils de deux morts pour la Patrie, était pour le moins fragile. Au fil du temps, le sport lui a permis dedu poil «reprendre de la bête» et de retrouver l’énergie de vivre. Un bien inestimable. En bonne santé, ils peuvent travailler, gagner leur vie et donc retrouver une certaine indépendance les aidant à surmonter les affres du quotidien.

Des exemples à suivre

En l’espace de 20 ans, ce petit monde a remporté des centaines médailles lors des compétitions nationales comme internationales. En tennis de table, dans la catégorie 4, il semble que Vu Dang Chi n’ait pas encore trouvé d’adversaire à sa mesure sur le sol vietnamien. En attestent ses trois médailles d’or raflées tout récemment lors du tournoi handisport disputé à Cân Tho. Le sportif Doàn Quôc Khanh a également décroché trois médailles de bronze. Une jolie performance.

Outre les compétitions, nos sportifs participent activement et efficacement aux activités du club. Il y a un peu plus de dix ans, Ngô Anh Tuân et quelques adhérents se sont fait un nom dans le petit monde des handicapés vietnamiens en fabriquant des fauteuils-roulants, vendus moitié moins chers que ceux du marché, importés.

En parlant des invalides de guerre du club, les autres adhérents ne tarissent pas d’éloges : «Ils sont toujours gentils, doux et calmes. Ils sont des exemples pour nous et les jeunes générations». -VNA