Le dessin sur papier de bambou fait sensation
La Cité impériale
de Huê vient d’accueillir une exposition sur l’art du bambou dont les
œuvres présentées n’ont pas laissé ses visiteurs insensibles, loin s’en
faut. Retour sur cette expo inédite.
Le Centre de
préservation des vestiges de la cité impériale de Huê, en collaboration
avec le groupe d’auteurs du projet Dông vong (le Son de la Campagne), a
inauguré un espace d’arrangement artistique fait exclusivement de
produits dérivés du bambou, embellis de divers motifs, des détails
inspirés de ce qui se faisait à l’époque de la dynastie des Nguyên. La
Salle de la Cité impériale de Huê, dans la cour de Cân Chanh, a été
choisie pour héberger cette exposition qui s’inscrivait dans le cadre du
festival des métiers traditionnels de Huê 2015, organisé dans la ville
éponyme.
L’exposition présentait une cinquantaine de
peintures réalisées sur une toile en fils de bambou de grande taille
(80cm x 190cm). Ces œuvres traitent cinq thèmes : la globalité, le
mausolée, le tombeau, la mise en bière, et les décors artistiques. Les
visiteurs ont été surpris par la beauté de ce support, l’étrangeté des
traits et les détails de l’art de l’époque des Nguyên.
Parallèlement à l’exposition Dông vong, le musée de la Culture de la
cité impériale de Huê a été transformé en un espace dédié aux objets en
bambou et ses dérivés tels que boîtes de maquillage, cartes postales,
peintures, calligraphies, éventails, lanternes, parapluies, costumes,
tables de maquillage...
La subtilité originale du bambou
apporte à chaque objet différents traits, motifs et intrigues, comme
une empreinte et un style typiques initiés par l’artiste.
Héritier de la tradition
«Depuis 2000, je fais des recherches sur le papier. La technologie de
fabrication du papier est apparue il y a des milliers d’années.
Traditionnellement, le papier ne sert que la vie quotidienne, en tant
que support de l’écriture, pour la peinture ou l’imprimerie afin de
transmettre des idées et des messages porteurs d’informations», partage
le peintre Phan Hai Bang, professeur en Beaux-Arts à l’université de Huê
et fondateur de ce mouvement artistique.
L’étude du fil
de bambou réalisée par le peintre Phan Hai Bang et ses associés a
décroché le prix «Excellentes œuvres 2011» organisé par l’Union de la
Littérature et des Arts de Thua Thiên-Huê. Cet artiste a également reçu
de nombreux autres prix lors d’expositions au Vietnam.
En 2007, le peintre Phan Hai Bang a effectué des recherches sur le
métier de papetier artisanal à Bac Ninh (Nord), Chiang Mai et dans
d’autres provinces thaïlandaises, au profit de la Fondation Bourse
d’Asie du Sud-Est (Asian Scholarship Foundation – ASF). À son retour, il
a formé ses étudiants au processus de fabrication manuelle du papier à
base de paille de riz, de canne à sucre et de bambou, avant de leur
assurer un suivi complet. En 2012, lors de sa première exposition
organisée dans l’ancienne cité de Huê, les produits artistiques en
bambou ont été baptisés trúc chỉ (fils de bambou) et sont devenus leur
nom officiel.
Phan Hai Bang précise que si le fil de
bambou désigne le papier fait à partir de bambou, il s'agit également
d'une œuvre d’art. «L’originalité du fil de bambou réside dans sa
capacité d’interagir, de +communiquer+ avec d’autres techniques
artistiques. Le fil de bambou est un art contemporain conçu à partir des
études et de l’exploitation des métiers traditionnels, de la culture et
de l’art. S’il s’est amélioré au fil du temps, en prenant le rythme
notamment de la vie moderne actuelle, il n’en demeure pas moins, dans
l’esprit, très vietnamien», conclut l’artiste. -CVN/VNA