Hanoi (VNA) – Dans le monde des accessoires de mode emblématiques, le chapeau conique vietnamien ou "nón lá" témoigne de l’élégance intemporelle et du savoir-faire artisanal du Vietnam.
 
Le chapeau conique vietnamien "non la" : Patrimoine, artisanat et styles hinh anh 1Les candidates du Miss Grand International 2017 prennent la pose avec le "nón lá". Photo : thoidai.com.vn

L’apparition du fameux couvre-chef remonte à l’époque du Bronze au premier millénaire avant JC. Il figure parmi les dessins gravés d’une façon stylisée, sur les flancs et le plateau du fameux tambour de bronze de Ngoc Lu, est mentionné dans des légendes et a toujours inspiré poètes et compositeurs.

Parallèlement à leur longue histoire, ces chapeaux coniques dépassent le simple statut d’accessoires de mode pour devenir des symboles d’héritage, de tradition et d’identité culturelle, faisant la fierté de tout un peuple.

Grâce à leur conception spéciale, les chapeaux coniques peuvent protéger ceux qui les portent du soleil et de la pluie. Mais surtout, c’est aussi à la mode. Lorsqu’elles sont vêtues de "ao dai" (tunique traditionnelle) ou "ao bà ba" (chemise à amples manches), les femmes vietnamiennes utilisent souvent des chapeaux coniques comme accessoires, qu’elles s’en coiffent ou qu’elles les portent.

Chaque région du pays possède un village de fabrication de chapeaux coniques bien connu. Le chapeau conique des Tày a une couleur rouge distincte tandis que celui de Thanh Hoa se distingue par une monture à 20 ourlets.

Les chapeaux fabriqués par le village de Chuông, en banlieue de Hanoi, sont brillants et légers, tandis que les produits du village de Tây Hô, dans la province de Thua Thiên-Huê, sont fins et élégants, contrairement aux chapeaux épais du village de Phu Gia, dans la province de Binh Dinh.

Un chapeau conique semble simple, mais sa fabrication doit passer par diverses étapes allant de la collecte, du séchage et du repassage des feuilles à la fabrication d’armatures en bambou jusqu’au tissage.

Le matériau le plus important pour fabriquer des chapeaux coniques est les feuilles, généralement des feuilles de latanier ou des feuilles de palmier assez jeunes. D’autres matériaux incluent le bambou, utilisé pour fabriquer des cerceaux ou des ourlets et des cadres, et les racines d’ananas, utilisées comme fils, qui sont aujourd’hui remplacées par des fils en plastique.

Tout d’abord, les feuilles sont séchées au soleil, puis trempées dans l’eau pendant environ trois heures et suspendues toute la nuit jusqu’à ce qu’elles deviennent molles et prennent une belle couleur ivoire. Ensuite, elles sont repassées à la température élevée pour avoir un nouveau look et devenir plus lisses et plus belles.

Pour transformer les feuilles de matière en un chapeau conique, le chapelier taille de fines lattes rondes de bambou et les plie autour d’un support de cadre de 16 ourlets de diamètres différents.
Le chapeau conique vietnamien "non la" : Patrimoine, artisanat et styles hinh anh 2Photo:vietravel.com

Un chapeau est généralement constitué de deux couches de feuilles cousues ensemble avec un fin fil en plastique. Lors de la couture, le chapelier ajoute également deux franges sur le dessous du chapeau pour que les porteurs puissent attacher un ruban de soie coloré qui servira de mentonnière.

Une fois la couture terminée, le chapelier apporte la touche finale au chapeau en appliquant une fine couche de vernis à base de térébenthine mélangée à de l’alcool pour augmenter sa brillance, sa durabilité et son imperméabilité.

Bien que les fabricants de chapeaux coniques utilisent les mêmes matériaux et techniques, il existe de légères différences dans le processus de fabrication.

Situé dans le district de Thanh Oai, à Hanoi, le village de Chuông est bien connu dans le Nord pour ses chapeaux coniques brillants et légers. Afin de rendre leurs produits plus résistants aux intempéries, les chapeliers cousent souvent trois couches de feuilles de palmier vertes. Il s’agit d’une technique très difficile, car trois couches de feuilles rendront probablement le chapeau épais et lourd, alors que la plupart des clients préfèrent les chapeaux fins et légers.

Entre-temps, les artisans du village de Tây Hô, dans le district de Phu Vang, dans la province de Thua Thiên-Huê, utilisent des feuilles de noix de coco ou de "goi" local pour fabriquer les fameux "non bài tho" (chapeaux coniques à poèmes) de la province.
 
Le chapeau conique vietnamien "non la" : Patrimoine, artisanat et styles hinh anh 3Le non bài tho, un trait culturel emblématique de Huê. Photo: CVN

Un "non bài tho" est composé de deux couches de feuilles avec un papier translucide inscrit des poèmes et des dessins insérés entre elles. Les poèmes et les images apparaîtront lorsque le chapeau sera exposé à la lumière directe du soleil, ce qui lui donnera le nom de "chapeau conique à poème".

Différent des villages de Chuông et Tây Hô, le village de Phu Gia dans le district de Phu Cat, province de Binh Dinh, est bien connu pour ses chapeaux coniques de chevaux ou "non ngua", qui ont des calottes en argent ou en cuivre sculptées d’images de dragon, de licorne, de tortue et de phénix - le symbole de courage, d’imposant et de force.

Dans le passé, le "non ngua" du village de Phu Gia était associé à l’image du roi Quang Trung et de ses troupes et était plus tard porté par les mandarins et les dignitaires lorsqu’ils montaient à cheval. – VNA