L’agriculture intelligente creuse son sillon face au climat
Les résultats préliminaires d'un
projet visant à aider le Vietnam, le Malawi et la Zambie à opérer la
transition vers une " agriculture intelligente face au climat "
montrent que certains agriculteurs peinent à adopter les techniques,
tandis que d'autres trouvent les moyens de bien s'adapter aux problèmes
du changement climatique, comme les pluies tardives.
Lancé en
janvier 2012, le projet triennal FAO-CE, doté d'une enveloppe de 5,3
millions d'euros, encourage une approche d'agriculture intelligente face
au climat, avec des activités d'appui allant de la recherche au soutien
des politiques et à des propositions d'investissement.
L'expérience du Vietnam
Au
Vietnam, sur le site du projet dans le nord du pays, le maïs est semé
sur des terrains en pente jusqu'au sommet des montagnes qui sont
généralement couvertes de forêts. Une fois le maïs récolté, les pluies
viennent lessiver les sols et l'érosion entraîne des glissements de
terrain et des pertes en vies humaines.
Les chercheurs du projet
qui étudient les données climatiques au Vietnam ont constaté que la
variabilité du climat est en hausse, ce qui ne fera qu'exacerber le
problème de l'érosion.
Pour y remédier, le projet envisage le
recours à des pratiques de gestion des sols plus durables, et à des
cultures pérennes telles que le café et le thé, qui, contrairement au
maïs, peuvent survivre en terre pendant 30 - 40 ans. Toutefois, le fait
que la production de café et de thé ne devient rentable qu'au bout de
plusieurs années constitue un problème car, en revanche, le maïs est
très lucratif et jouit d'une forte demande.
Le projet en Afrique
Une
des principales activités du projet consiste à identifier quelles
pratiques agricoles sont "intelligentes face au climat" dans des
conditions spécifiques . Par exemple, le projet a étudié l'agriculture
de conservation qui comporte un travail réduit du sol, une couverture
permanente des sols et la rotation des cultures, pratiques qui ont été
encouragées par les gouvernements du Malawi et de la Zambie.
L'agriculture
de conservation a le potentiel d'accroître la productivité grâce à une
amélioration de la qualité des sols et une meilleure capacité de
rétention de l'eau. Elle atténue également les effets du changement
climatique en favorisant le piégeage du carbone dans le sol.
L'analyse
du projet indique que de nombreux agriculteurs des deux pays
rencontrent des difficultés à adopter l'ensemble des techniques
d'agriculture de conservation, pour des raisons diverses. Par exemple,
parce que les résidus de récolte destinés à couvrir le sol leur servent à
nourrir leurs animaux, ou parce qu'ils sont souvent trop pauvres pour
pouvoir patienter plusieurs saisons pour constater les avantages des
nouvelles pratiques.
Ceci étant, le projet remarque que le
changement climatique est déjà en train de changer les règles du jeu
pour les agriculteurs, ce qui pourrait rehausser l'attrait de
l'agriculture de conservation.
En Zambie, l'analyse des données
climatiques montre le démarrage de plus en plus tardif des pluies dans
certaines zones. Comme les cultures sont semées après les premières
pluies, leur retard implique des semis tardifs, qui peuvent raccourcir
sensiblement la campagne de croissance.
Les recherches sur le
projet montrent que les agriculteurs de ces régions confrontées à des
précipitations variables et une arrivée tardive des pluies sont les plus
susceptibles de suivre les pratiques d'agriculture de conservation, ce
qui comporte l'avantage de préparer les terres avant l'arrivée des
pluies.
Brassage d'idées
Malgré les différences de
caractéristiques physiques, économiques, sociales et culturelles des
trois pays, le projet a identifié des moyens d'en tirer des
enseignements mutuels. Par exemple, le Vietnam se concentre sur la
création de chaînes de valeur intelligentes face au climat pour les
principaux produits de base, dont pourraient bénéficier également le
Malawi et la Zambie. De même que le Vietnam pourrait tirer des leçons de
la manière dont les pays africains s'efforcent de relier les questions
de changement climatique à l'agriculture au niveau des politiques.
Le
projet a conclu que vu les grandes différences de modification du
climat, ainsi que des capacités des agriculteurs, des institutions et
des économies de chaque pays, il n'existe pas de solution unique en
matière d'agriculture intelligente face au climat, même si l'approche
visant à identifier les mesures appropriées est universellement
applicable.
"Afin d'élargir les options qui
s'offrent aux agriculteurs, nous estimons que des investissements
accrus, issus aussi bien de la finance agricole traditionnelle que de
fonds émergents comme le Fonds vert pour le climat, seront nécessaires
pour aider les petits exploitants à effectuer la transition", a déclaré
Leslie Lipper, responsable du Programme Économie et politiques
novatrices pour une agriculture intelligente face au climat (EPIC) qui
héberge le projet. - VNA