La vie rythmée par les gongs des Muong
Sur
fond de musiques à la fois douces et pleines d’entrain, les filles et
les garçons de l’ethnie Muong, vêtus de leurs tenues traditionnelles
particulièrement colorées, dansent sur la place du village. Il s’agit de
la fête des gongs, organisée à l’occasion du Têt pour apporter santé et
prospérité au village.
Les danseurs rythment leurs
mouvements aux bruits des gongs (chiêng en vietnamien), ces instruments
de percussion qui font la fierté de l’ethnie. Composé d’un grand rond de
métal et d’une épaisse baguette en bois, les gongs sont
particulièrement précieux. Certains ont plus d’une centaine d’années.
Longs et difficiles à fabriquer - afin d’obtenir une sonorité parfaite
-, les gongs coûtent chers. Pourtant, les Muong ne s’en passeraient pour
rien au monde.
Le gong résonne à chaque cérémonie
Les Muong habitent de grandes maisons sur pilotis, dans lesquelles on
accède à l’aide d’une petite échelle. De cette manière, les occupants de
la maison vivent surélevés par rapport au sol afin de se protéger des
animaux dangereux.
Bùi Van Khân, ancien du village Muong
de la province de Hoà Binh, est assis en tailleur sur les tapis tissés
qui recouvrent le sol. Au-dessus de lui sont accrochés toute une
multitude de gongs, allant du plus petit au plus grand. «Les gongs ont
des sonorités différentes en fonction de leur taille. Tous les Muong
savent se servir de cet instrument dès leur plus jeune âge. Nous
l’utilisons toute l’année, à une vingtaine de cérémonies différentes,
pour honorer les divinités, accueillir un nouveau-né, fêter un mariage,
célébrer des funérailles, prier la pluie, obtenir de bonnes récoltes, ou
encore prévenir le village d’un danger imminent», explique Bùi Van
Khân.
Le feu constitue le coeur de la maison. Ce dernier
reste constamment allumé pour réchauffer habitat, surtout en hiver
lorsque le climat prend des tournures particulièrement rigoureuses dans
les montagnes du Nord. Au fond de la maison, les femmes s’activent déjà
pour préparer le repas.
Ne résistant pas à l’envie de
faire une petite démonstration, Bùi Van Khân saisit l’instrument le plus
proche qu’il frappe en son centre d’une main habile. Un son lourd et
puissant résonne un bref instant dans la maison, dessinant au passage un
sourire sur le visage du vieil homme. -VNA