La Semaine nationale "Disons NON au tabac"
Le Vietnam recense actuellement quelque 20
millions de fumeurs réguliers. Un "plaisir meurtrier" qui coûte la vie
à environ 40.000 personnes chaque année, sans compter la somme
colossale de 14.000 milliards de dôngs qui part en fumée.
C'est ce qui ressort d'un rapport du Programme de prévention et de
lutte contre le tabagisme (PPLCT), relevant du ministère de la Santé,
dans le cadre de la Semaine nationale "Disons NON au tabac", organisée
du 25 au 31 mai.
Lors d'un point de presse, le Docteur
en médecine Luong Ngoc Khuê, directeur du Département de la gestion de
la consultation et du traitement médicaux, responsable du PPLCT, a
indiqué qu'à présent, le Vietnam figurait sur la liste des 15 pays
ayant le plus de fumeurs dans le monde, avec des chiffres effrayants :
20 millions de fumeurs, 33 millions de "fumeurs passifs" (ceux
contraints de respirer la fumée de tabac), 40.000 morts par an à cause
des maladies relatives au tabac (ce chiffre pourrait s'élever à 70.000
dans 20 ans)...
Autre menace : chaque année, environ
15.000 personnes viennent s'ajouter à l'effectif des cancéreux de
poumons, et 14.000 victimes de cette maladie en meurent (soit 4 fois
plus que le total de morts dus aux accidents de la route).
Les résultats d'un travail d'études, réalisé début 2011 par
l'Université de la santé communautaire, laisse entrevoir que le
tabagisme pourrait "ôter" 1,5 million d'années de vie des Vietnamiens.
En outre, les dépenses réalisées pour les maladies relatives au tabac
représentent 12% de la totalité du "fardeau national" de maladies et de
mortalité. Les données du ministère de la Santé montrent que les
fumeurs doivent "brûler" chaque année 14.000 milliards de dôngs pour
leur "plaisir".
Le tabagisme peut provoquer 25 maladies
dont trois sont meurtrières: bronchite chronique, cancer du poumon et
infarctus du myocarde. Rien que pour le traitement de ces trois
maladies, le pays doit dépenser chaque année 2.034 milliards de dôngs.
La décision du gouvernement sur l'interdiction de fumer dans les lieux
publics est entrée en vigueur le 1er janvier 2010. Plus d'un an s'est
écoulé depuis, et le résultat s'avère … déplorable. Jusqu'ici encore,
la fumée de tabac continue de "recouvrir" les secteurs publics :
hôpitaux, offices, stations de bus, gares, parcs …
À Hô
Chi Minh-Ville, on rencontre régulièrement des gens qui fument "en
liberté" dans la rue. La scène est monnaie courante même à l'Hôpital du
cancer et des tumeurs : on fume quand on fait la queue pour payer les
frais d'hospitalisation, mais aussi dans les couloirs ou dans la cour …
"En vue de concrétiser effectivement la décision
gouvernementale sur l'interdiction de fumer, l'hôpital a appliqué
diverses mesures dont la réprimande par les agents sanitaires. Mais la
situation est incontrôlable", se plaint le directeur adjoint de cet
hôpital Dang Huy Quôc. Pour lui, il est nécessaire d'appliquer une
sanction administrative plus sévère vis-à-vis des fautifs.
Expliquant l'actuelle situation, le directeur du PPLCT de Hô Chi
Minh-Ville, Truong Trong Hoàng, montre les causes principales :
l'effectif insuffisant des inspecteurs, les sanctions non dissuasives…
En effet, l'actuelle sanction administrative appliquée s'avère
inefficace : réprimande pour la première fois, 50.000 dôngs d'amende
pour la 2e fois, et une amende plafonnée à 100.000 dôngs.
Il faut donc "relever le niveau des sanctions, même pour la première
fois". Sans oublier le travail de sensibilisation auprès des habitants
pour qu'ils soient "conscients de se protéger eux-mêmes et participent
à la lutte contre le tabagisme", souligne Truong Trong Hoàng. -AVI