Le tissage du brocart thô câm de l’ethnie minoritaire Tày dans le district de Hàm Yên, province de Tuyên Quang, semblait voué à disparaître. Cependant, certaines personnes, déterminées à maintenir ce métier, lui ont redonné de la vigueur, apportant une bonne source de revenus à de nombreuses familles.

Selon Mme Bàn Thi Minh, du village de Ba Chang (bourg de Tân Yên), le tissage est non seulement un métier mais aussi l'un des critères permettant d'évaluer les qualités de la femme. Car outre les travaux champêtres, les femmes Tày doivent connaître le tissage pour leur vie familiale et préparer la dote pour le mariage.

Le thô câm de Hàm Yên revient de loin. Il s'en est fallu de peu qu'il disparaisse. Cependant, grâce à l'amour et à la détermination du peuple, ce métier a été relancé. Nguyên Van Manh, de la commune de Tân Thành, Hàm Yên, avec la volonté de s'enrichir avec le métier traditionnel de sa terre natale, a fondé en 1997 l'atelier de tissage Manh Binh. Après des hauts et des bas, son atelier est devenu une importante usine de tissage de Hàm Yên.

Le tissage du thô câm emploie de nombreux travailleurs, surtout des femmes. Grâce à la prospérité de l’atelier Manh Binh, ce métier a connu une renaissance. Manh Binh a formé plus de 100 employés locaux. Chaque jour, outre le travail dans l’atelier, des Tày et Dzao des hameaux de Khau Linh, Pa Han, Pac Cap, Khuôi No (commune de Phu Luu), Ba Chang (bourg de Tân Yên) travaillent à domicile. Il s'agit d'une idée de Nguyên Van Manh et de sa femme Luc Thi Binh, qui permet à ces villageois de s'occuper à la fois des travaux champêtres et de leur maison, tout en tissant chez eux pour augmenter les revenus de la famille.

Le thô câm de Hàm Yên a des motifs uniques, délicats et reflète la forte identité culturelle des ethnies minoritaires des régions montagneuses du Nord. On les retrouve sur un grand nombre d'objets uniques tels que foulards, sacs, chapeaux, sacs à main, taies d'oreiller, housse de couette, vêtements ethniques (Tày, Dzao, H’mông) prisés des visiteurs passant à Tuyên Quang. Les thô câm de Hàm Yên sont non achetés par les habitants locaux mais aussi par les touristes, notamment étrangers, et également exportés vers la Chine.

La conservation et le développement de ce métier traditionnel ont non seulement pour but de préserver une facette culturelle unique des montagnards du Nord, mais également de créer des conditions favorables pour le développement économique de la localité. – AVI