Le Programme expérimental de la Nouvelle campagne a été lancé en 2010 et enregistre cette année des premiers résultats encourageants. Entretien avec Hô Xuân Hùng, chef adjoint du Comité de pilotage central du projet.

Le projet de Nouvelle campagne mis en place à titre expérimental en 2010 dans 11 communes du Vietnam semble porter ses fruits. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Les premiers résultats enregistrés sont positifs. Les communes ont mis en place des projets structurés, et abandonnent progressivement les initiatives sans cohérence. Elles prêtent également de plus en plus d’attention aux mutations des métiers ruraux. De plus, le niveau de vie des habitants ne cesse de s’améliorer et les infrastructures se modernisent de jour en jour. Au début du premier semestre de cette année, 10 des 11 communes test ont achevé l’élaboration d’une politique globale intégrant l’exploitation des terres et la construction d’infrastructures, au profit du développement de l’agriculture marchande, industrielle, artisanale, et du secteur tertiaire. Ainsi, les localités ont construit 902 ouvrages, représentant 76% de l’objectif fixé. Parmi elles, deux sont situées à Thuy Huong (district de Chuong My, Hanoi) et à Tân Thông Hôi (district de Cu Chi, Hô Chi Minh-Ville).

Le modèle de réussite de la Nouvelle campagne est basé sur 19 critères. Jusqu’à maintenant, une commune répond à 16 de ces objectifs. La plupart de celles restantes sont entre 10 et 15. Le Comité de pilotage du programme a pour ambition que, d’ici la fin de cette année, les 11 communes sélectionnées remplissent les critères liés aux technologies de la communication, à l’électricité, à l’environnement, et à la culture.

L’un des objectifs de ce programme est que l’on donne aux habitants un rôle clé dans l’édification de leur Nouvelle campagne. Qu’en pensez-vous ?

La finalité de ce grand projet est l’amélioration matérielle et immatérielle du niveau de vie des habitants. Toutes les réformes s’orientent vers ces objectifs et les agriculteurs sont pleinement invités à y participer. Il tend à changer la physionomie des zones rurales et à les moderniser. Pas à les détruire. C’est pourquoi nous devons interroger les habitants, qu’ils décident eux-mêmes de la manière dont ils veulent voir évoluer leur village.

Dans le programme, l’un des objectifs principaux est d’améliorer le revenu des agriculteurs et de restructurer l’emploi. Comment mettre cela en œuvre dans les communes les plus en difficulté ?

Les organes compétents ont décidé de ce critère dans l’optique d’améliorer les conditions de vie économiques et sociales des habitants, en prenant en compte l’amélioration des infrastructures et la préservation de l’identité nationale. Plus concrètement, une fois cette phase expérimentale achevée, le revenu des agriculteurs devrait avoir doublé par rapport à 2010.

Actuellement, on assiste à une grande disparité de revenus entre les zones rurales et urbaines. 85% des foyers précaires habitent à la campagne. Il est nécessaire de réduire cet écart, en dépit des difficultés. Selon un sondage, sur les 11 communes test, 5 ont enregistré de bons résultats sur ce critère. L’objectif est que 20% des communes du pays le valide d’ici 2015, et que ce chiffre atteigne 50% en 2020.

Pour améliorer le revenu moyen en zone rurale, le nombre d’agriculteurs doit baisser. En 2011, selon les statistiques, 51,9% de la population active du Vietnam travaillait dans le secteur agricole. En 2020, on devrait en compter deux tiers de moins.

Sur les 11 communes choisies pour la phase d’essai, cinq ont validé le critère d’amélioration du revenu par habitant. À quelles difficultés sont confrontées les autres ?

Deux facteurs majeurs expliquent ce constat. Premièrement, les cinq localités concernées disposent d’atouts pour se développer que n’ont pas celles qui sont encore à la traîne. Deuxièmement, les choix politiques pris par les autorités locales pour ces dernières ont été bien moins efficaces. Celles qui ont réussi ont investi dans la production. C’est le cas de la commune de Tân Hôi (district de Trong Duc, province de Lâm Dông au Tây Nguyên), qui a soutenu les maraîchers.

La réussite de cette expéri-mentation passe en grande partie par les entreprises. Plus elles s’installeront en nombre dans les zones rurales, plus elles permettront aux localités concernées de se développer économiquement. Cependant, le défi est immense. Comment les attirer ?

Très peu d’industries s’inté-ressent au monde rural. Elles constitueraient pourtant un moteur pour ces villages. Les agriculteurs bénéficieraient d’un accès plus direct et plus facile aux technologies avancées, de même qu’ils auraient l’opportunité de trouver un emploi dans le secteur secondaire. L’entreprise peut par ailleurs jouer un rôle d’écoulement des productions.

Le principe du programme d’édification de la Nouvelle campagne est l’industrialisation de l’agriculture et l’amélioration du niveau de vie des travailleurs ruraux. Je pense que la plupart des entrepreneurs sont d’origine paysanne. Il faut donc mettre en place des politiques dans ce sens, en commençant par sensibiliser les businessmen vietnamiens à la nécessité d’investir en zone rurale, afin de développer leur pays.

La Nouvelle campagne, les objectifs :

Au nombre de 19, ces objectifs se divisent en cinq groupes : Primo : la mise en place d’une politique globale. Secundo : le développement d’infrastructures socioéconomiques (communications, hydraulique, électricité, école, ouvrages culturels, marché, poste, logement). Tertio : le développement socio-économique (revenus, nombre de foyers en situation de précarité, structure du travail, formes de production). Quarto : la culture, la société et l’environnement (éducation, santé, culture, environnement). Quinto : la structuration du système politique (organisations locales, sécurité). - VNA