Depuis neuf ans, la Japonaise Kazuyo Wantanabe consacre une grande partie de son temps au traitement des enfants atteints de cancer à l’Hôpital central de Huê (Centre).


Malgré les températures hivernales, le sourire des patients de Kazuyo Watanabe réchauffe les murs du Centre de pédiatrie de l’Hôpital central de Huê. À 50 ans, cette Japonaise fait régulièrement le voyage pour venir en aide aux enfants atteints de cancer. Travailleuse assidue, elle quitte souvent l’hôpital après minuit.


Présidente de la Ligue de soins des enfants asiatiques, une ONG fondée en 2005 afin d’aider et d’améliorer la qualité de vie des enfants atteints d’un cancer, la Japonaise a été félicitée par le ministère vietnamien de la Santé. Mi-décembre 2014, elle a reçu l’insigne «Pour l’œuvre de la santé du peuple».


Ne pas baisser les bras


Kazuyo Watanabe est arrivée au Vietnam pour la première fois il y a 20 ans. Elle est devenue professeur de japonais à l’Université de pédagogie de Huê et a travaillé sur un projet d’aide aux enfants sans domicile fixe.


Après avoir appris que le nombre de jeunes atteints de cancers abandonnant leur traitement à l’Hôpital central de Huê était très élevé, la Japonaise a décidé de mettre sur pied un projet de soutien pour ces jeunes.


Le projet de Kazuyo Watanabe vise à minimiser le taux d’abandon des traitements ainsi qu’à augmenter le pourcentage de succès auprès des jeunes atteints de cancer du Centre du Vietnam. Pour ce faire, elle a contribué à équiper l’hôpital de la ville de façon moderne et avec du matériel venu du Japon.


«Je veux que ces jeunes puissent bénéficier des meilleurs soins. Si les patients, soutenus par leurs proches, ne baissent pas les bras, ils peuvent guérir», souligne Kazuyo Watanabe. Et d’ajouter que nombre de petits Japonais atteints de cancer ont complètement guéri, après un traitement de trois ans. Ils sont ensuite devenus médecins ou ingénieurs.

À l’Hôpital central de Huê, les enfants, leurs proches et le personnel de l’hôpital l’appellent affectueusement «maman japonaise» (Me Nhât). Selon Lê Minh Nhât, père d’un enfant malade soigné à la faculté de pédiatrie de l’Hôpital central de Huê, Kazuyo Watanabe veille au moindre détail, de l’ameublement de la chambre au choix des produits d’hygiène personnelle. La porte de sa maison est toujours ouverte aux parents des jeunes patients en situation difficile.


"Nous avons été totalement dévastés lorsque nous avons appris que mon enfant souffrait d’une leucémie. Nous avons pensé à abandonner le traitement. Kazuyo Watanabe nous a encouragés à le poursuivre. Elle nous a aidés à résoudre une partie de nos problèmes financiers et a pris soin de notre enfant», a confié Minh Nhât.


Profondément ému par cet appui, Nhât et sa femme ont décidé de poursuivre le traitement jusqu’à la fin. Leur enfant est maintenant suivi depuis plus de deux ans.


Taux d’abandon du traitement en baisse


Le taux d’abandon du traitement chez les enfants atteints de cancer de l’Hôpital central de Huê était de 50% en 2005. À la surprise des experts locaux et internationaux, ce taux a chuté à moins de 5% en 2014. Cependant, il ne s’agit pas d’un miracle pour Kazuyo Watanabe, mais plutôt d’un résultat durement gagné.


«Par rapport aux petits Japonais, les enfants vietnamiens ne sont généralement pas diagnostiqué assez tôt et ne bénéficient pas d’un traitement approprié. Beaucoup meurent avant même qu’ils ne sachent qu’ils sont atteints du cancer», insiste Kazuyo Watanabe. Leurs parents ont également tendance à baisser les bras en raison des difficultés financières. De plus, ils pensent que cancer signifie forcément mort.


Grâce à ses relations, Kazuyo Watanabe a invité plusieurs médecins vietnamiens et étrangers à venir donner des consultations en faveur des enfants vivant dans les régions montagneuses de la province de Thua Thiên-Huê. Elle a aussi organisé de nombreuses collectes de fonds, des pique-niques, des fêtes d’anniversaire. Elle met sur pied la fête de la mi-automne à l’Hôpital central de Huê. Le tout pour que les enfants puissent profiter d’un moment de détente et oublier pour un moment la fatigue due à leur traitement médical.


Kazuyo Watanabe a également créé une association de parents, afin qu’ils puissent se soutenir, s’encourager, partager leurs expériences. Elle organise des échanges réguliers entre les médecins japonais et vietnamiens.


«Je prends toujours un appareil photo pour immortaliser les plus beaux moments. Je suis impatiente de les partager avec les enfants. Cependant, beaucoup n’ont pas la chance de se voir en photo. Je suis toujours très attristée lorsqu’un enfant décède après une lutte acharnée», confie Kazuyo Watanabe.


Elle considère chacun de ses voyages au Vietnam comme un retour aux sources. Huê, où des enfants ont besoin de son soutien et de ses soins, est sa ville d’adoption. -CVN/VNA