La bancassurance qui est apparue au Vietnam en l'an 2000, a commencé à se développer réellement en 2005 et occupe aujourd’hui une place de choix au niveau du marché des assurances vietnamiennes.

La bancassurance est considérée comme un investissement stratégique compte tenu de ses potentiels, et sa généralisation convient bien aux orientations de croissance sur le long terme des banques, estime Amit Arora, directeur du service vente au détail de la banque Standard Chartered.

Partenaire principal de Prudential Vietnam depuis 2008, la Standard Chartered forme actuellement des ressources humaines afin de fournir les meilleurs services à notre clientèle, explique Amit Arora. «Nous avons planifié un fort développement de produits de bancassurance dans les temps à venir», a-t-il ajouté.

De même, le directeur général exécutif de la compagnie d’assurance AIA Vietnam, Stephen Clark, considère également que la bancassurance est une priorité pour sa compagnie avec une stratégie reposant sur une meilleure distribution à travers les réseaux bancaires, ainsi que des conseillers expérimentés.

L’assureur Bao Viêt collabore avec les banques HSBC, Techcombank et Baoviet Bank afin de commercialiser des dizaines de produits, indique son directeur général adjoint Dang Ngoc Thanh, qui ajoute que les résultats sont plutôt satisfaisants. La compagnie d’assurance (BIC) de la Banque d’investissement et de développement du Vietnam (BIDV) commercialise aussi cinq produits dans le réseau de 500 points de transactions de la BIDV et de la Banque Russie-Vietnam (VRB).

Fasciné par les potentiels du Vietnam, HSBC a récemment inauguré une agence HSBC Life International à Hanoi pour vendre ses produits financiers relevant de l’assurance-vie. Un signe de l’essor de la bancassurance puisque HSBC est l’une des plus grandes banques étrangères au Vietnam avec un investissement de 30 millions de dollars. De même, le partenariat de distribution de produits financiers convenu fin 2011 entre Citibank et Prudential prouve déjà son efficacité...

Ceci n’est qu’un début puisqu’en effet, il est attendu en milieu d’année une plus forte animation sur le marché, avec l’arrivée notamment du groupe d’assurance du pétrole dans le segment de l’assurance-vie (PVN Insurance). Ce dernier compte collaborer avec Techcombank, qui est la pionnière de la bancassurance au Vietnam avec la création en 2006 d’un joint-venture avec le groupe Bao Viêt. D’autres banques et assureurs entendent les suivre, VIB et la Compagnie d’assurance des postes (PTI), ABBank et Prudential, Maritime Bank et Bao Viêt..., pour fournir des bouquets de services à leurs clients.

Le marché vietnamien recèle un énorme potentiel de développement dans les toutes prochaines années, confirme Co Minh Duc, directeur régional en Asie du groupe Prévoir qui, lui, anticipe une croissance de 15% à 30% au lieu de 10% aujourd’hui. Une prévision qui semble non déraisonnable puisque seulement 5% de la population est titulaire d’une police d’assurance.

Les modalités d’organisation de la bancassurance sont diverses et souples mais deux grandes pratiques sont constatées. Dans la première, assurance et banque sont seulement liées contractuellement dans le cadre d’une collaboration ou d’un partenariat destiné à distribuer les produits de l’assureur par l’intermédiaire du vaste réseau de la banque, qu’il ne possède généralement pas. Il en est ainsi de Bao Viêt avec HSBC et Techcombank, de Bao Minh avec Sacombank et de Liberty avec Vietcombank...

Le deuxième est institutionnel, une banque acquérant, s’associant ou créant une compagnie d’assurance. C’est le cas de BIC qui appartient à la Banque de développement et d’investissement (BIDV), d’ABIC de la Banque d’agriculture et du développement rural (Agribank), de MIC dans laquelle la banque MB est associée, ou de Bao Ngân, filiale de la Banque d’industrie et de commerce (Vietinbank).

Mais l’un comme l’autre sont actuellement rentables au Vietnam, en témoigne la compagnie Liberty qui commercialise extensivement ses produits grâce aux réseaux des banques ANZ, OCB, Sacombank, Techcombank et UOB, selon son directeur marketing.

En effet, le nombre de clients bénéficiant aujourd’hui de tels services est encore modeste : la compagnie d’assurance BIC, qui est considérée comme l’une des plus efficaces, ne réalise que 10% de son chiffre d’affaires dans ce segment.

Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Pour une raison fort pratique en premier lieu : ni les clients ni les banques ne sont habitués à la bancassurance. Nombre de banques ne favorisent pas traditionnellement les services d’assurance dans leurs locaux, en témoigne un modeste 5% de chiffre d’affaires de vente d’assurance non-vie.

Une autre tient aux conditions du marché, économique d’abord, avec un accès au crédit toujours difficile, des taux d’intérêt élevés, une majorité de la population ne disposant pas de compte bancaire et/ou de moyens de paiement.., mais aussi juridique, compte tenu de la régulation bancaire actuelle de la Banque d’État, ou encore d’un certain flou sur le statut juridique des produits de bancassurance. – AVI