La bancassurance s’implante à son rythme au Vietnam
La bancassurance est
considérée comme un investissement stratégique compte tenu de ses
potentiels, et sa généralisation convient bien aux orientations de
croissance sur le long terme des banques, estime Amit Arora, directeur
du service vente au détail de la banque Standard Chartered.
Partenaire principal de Prudential Vietnam depuis 2008, la Standard
Chartered forme actuellement des ressources humaines afin de fournir les
meilleurs services à notre clientèle, explique Amit Arora. «Nous avons
planifié un fort développement de produits de bancassurance dans les
temps à venir», a-t-il ajouté.
De même, le
directeur général exécutif de la compagnie d’assurance AIA Vietnam,
Stephen Clark, considère également que la bancassurance est une priorité
pour sa compagnie avec une stratégie reposant sur une meilleure
distribution à travers les réseaux bancaires, ainsi que des conseillers
expérimentés.
L’assureur Bao Viêt collabore avec
les banques HSBC, Techcombank et Baoviet Bank afin de commercialiser des
dizaines de produits, indique son directeur général adjoint Dang Ngoc
Thanh, qui ajoute que les résultats sont plutôt satisfaisants. La
compagnie d’assurance (BIC) de la Banque d’investissement et de
développement du Vietnam (BIDV) commercialise aussi cinq produits dans
le réseau de 500 points de transactions de la BIDV et de la Banque
Russie-Vietnam (VRB).
Fasciné par les potentiels du
Vietnam, HSBC a récemment inauguré une agence HSBC Life International à
Hanoi pour vendre ses produits financiers relevant de l’assurance-vie.
Un signe de l’essor de la bancassurance puisque HSBC est l’une des plus
grandes banques étrangères au Vietnam avec un investissement de 30
millions de dollars. De même, le partenariat de distribution de produits
financiers convenu fin 2011 entre Citibank et Prudential prouve déjà
son efficacité...
Ceci n’est qu’un début puisqu’en
effet, il est attendu en milieu d’année une plus forte animation sur le
marché, avec l’arrivée notamment du groupe d’assurance du pétrole dans
le segment de l’assurance-vie (PVN Insurance). Ce dernier compte
collaborer avec Techcombank, qui est la pionnière de la bancassurance au
Vietnam avec la création en 2006 d’un joint-venture avec le groupe Bao
Viêt. D’autres banques et assureurs entendent les suivre, VIB et la
Compagnie d’assurance des postes (PTI), ABBank et Prudential, Maritime
Bank et Bao Viêt..., pour fournir des bouquets de services à leurs
clients.
Le marché vietnamien recèle un énorme
potentiel de développement dans les toutes prochaines années, confirme
Co Minh Duc, directeur régional en Asie du groupe Prévoir qui, lui,
anticipe une croissance de 15% à 30% au lieu de 10% aujourd’hui. Une
prévision qui semble non déraisonnable puisque seulement 5% de la
population est titulaire d’une police d’assurance.
Les modalités d’organisation de la bancassurance sont diverses et
souples mais deux grandes pratiques sont constatées. Dans la première,
assurance et banque sont seulement liées contractuellement dans le cadre
d’une collaboration ou d’un partenariat destiné à distribuer les
produits de l’assureur par l’intermédiaire du vaste réseau de la banque,
qu’il ne possède généralement pas. Il en est ainsi de Bao Viêt avec
HSBC et Techcombank, de Bao Minh avec Sacombank et de Liberty avec
Vietcombank...
Le deuxième est institutionnel, une
banque acquérant, s’associant ou créant une compagnie d’assurance. C’est
le cas de BIC qui appartient à la Banque de développement et
d’investissement (BIDV), d’ABIC de la Banque d’agriculture et du
développement rural (Agribank), de MIC dans laquelle la banque MB est
associée, ou de Bao Ngân, filiale de la Banque d’industrie et de
commerce (Vietinbank).
Mais l’un comme l’autre sont
actuellement rentables au Vietnam, en témoigne la compagnie Liberty qui
commercialise extensivement ses produits grâce aux réseaux des banques
ANZ, OCB, Sacombank, Techcombank et UOB, selon son directeur marketing.
En effet, le nombre de clients bénéficiant
aujourd’hui de tels services est encore modeste : la compagnie
d’assurance BIC, qui est considérée comme l’une des plus efficaces, ne
réalise que 10% de son chiffre d’affaires dans ce segment.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Pour une raison fort
pratique en premier lieu : ni les clients ni les banques ne sont
habitués à la bancassurance. Nombre de banques ne favorisent pas
traditionnellement les services d’assurance dans leurs locaux, en
témoigne un modeste 5% de chiffre d’affaires de vente d’assurance
non-vie.
Une autre tient aux conditions du marché,
économique d’abord, avec un accès au crédit toujours difficile, des taux
d’intérêt élevés, une majorité de la population ne disposant pas de
compte bancaire et/ou de moyens de paiement.., mais aussi juridique,
compte tenu de la régulation bancaire actuelle de la Banque d’État, ou
encore d’un certain flou sur le statut juridique des produits de
bancassurance. – AVI