Kim Nghinh, fierté de la musique traditionnelle khmère
Depuis une
trentaine d’années, Kim Nghinh est instrumentiste et compositeur de
musique traditionnelle khmère. À 45 ans, il joue de sept instruments de
musique et a écrit une quarantaine de morceaux.
Difficile
d’y échapper. Kim Nghinh est né dans une famille d’artistes khmers de la
province de Trà Vinh (delta du Mékong). Son père était joueur de dàn co
(vièle à deux cordes) et sa mère était danseuse. À l’âge de neuf ans,
il a commencé à apprendre le dàn co. Il était presque en retard pour un
enfant dont la destinée semblait déjà avoir décidé pour lui qu’il
deviendrait musicien. Cela étant dit, il a rapidement progressé, et son
talent n’a pas tardé à être reconnu. Un an plus tard, Kim Nghinh
accompagnait son père sur les fêtes Khmers de toute sa région.
Musicien multi facettes
À
15 ans, M. Nghinh intègre la troupe artistique Anh Binh Minh (Lueur de
l’aube). C’est à cette époque que le jeune adolescent ouvre ses horizons
à d’autres instruments que son traditionnel dàn co. Il s’initie ainsi
progressivement aux nombreuses percussions typiques khmers de
l’orchestre dit «Pin Piêt» : le xylophone en forme de barquette à 16
lames de bambou, l’ensemble de gongs horizontaux et circulaires composé
de 16 petites timbales de bronze, les deux gros tambours à peau de
buffle frappés par une sorte de maillet, le petit tambour horizontal à
double peau de résonance dont l’exécutant est le chef d’orchestre, les
petites cymbales de cuivre, le hautbois et la vièle à deux cordes.
Après
seulement trois ans de pratique, Kim Nghinh a réussi à maîtriser les
subtilités de chacun de ces instruments et s’est progressivement imposé
comme le leader incontesté du groupe. Il avait à peine 18 ans. "J’ai
choisi ce métier par passion, c’est vrai, mais je crois que j’ai aussi
la responsabilité d’apporter ma modeste contribution à la valorisation
des arts traditionnels khmers. C’est ce que voulait mon père",
confie-t-il.
D’abord instrumentiste, Kim Nghinh est un
également un bon compositeur. À vingt ans, son premier morceau a connu
un succès qui l’a encouragé à poursuivre dans cette voie. Aujourd’hui,
l’artiste a à son actif une quarantaine de créations, dont la plupart
évoquent le thème du pays natal. Certaines ont été diffusées à de
nombreuses reprises sur la Télévision vietnamienne et la radio La Voix
du Vietnam, sur commande des auditeurs et téléspectateurs.
La
quarantaine bien entamée, Kim Nghinh mène actuellement un nouveau
projet, celui de recueillir les anciens chants et danses Khmers afin de
les préserver. «L’apprentissage de cette musique passe essentiellement
par la transmission orale, et seule la communauté s’y intéresse. Rares
sont les personnes qui s’engagent à les étudier et à les transposer»,
indique-t-il
Ses efforts récompensés, Kim Nghinh a
récemment été reconnu «Artiste Émérite» par l’État. Il est le seul
artiste de sa troupe Anh Binh Minh à avoir reçu ce titre honorifique.
-VNA