Après avoir mis sa carrière entre parenthèses pour se consacrer à son sacerdoce de femme, d’épouse et de mère, la tireuse Lê Thi Hoàng Ngoc a fait son retour à la compétition de manière fracassante. Médaillée d’or aux 26es Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est (SEA Games 26), la jeune femme à l’allure élancée a décroché dans la foulée une qualification pour les Jeux olympiques de Londres.

Parmi les sportifs qualifiés pour les JO 2012, la performance de la tireuse Lê Thi Hoàng Ngoc est passée relativement inaperçue. D’une part parce que personne ne croyait à un tel retour après un éloignement des stands de tir pendant six ans, mais aussi - et surtout - parce qu’elle a réalisé cet exploit le 28e jour du 12e mois lunaire, soit deux jours seulement avant le Têt traditionnel, le moment le plus attendu par tous les Vietnamiens, qu’ils vivent dans le pays ou non.

Lê Thi Hoàng Ngoc dispose d’un bagage technique impressionnant. Elle a découvert cette discipline naturellement avec sa mère, Hoàng Thi Mây, qu’elle accompagnait régulièrement au stand de tir. Au départ une petite fille timide, elle a rapidement montré des dispositions pour ce sport qui est alors devenu une véritable passion. Auréolée de son 1er titre de championne dans un tournoi junior, elle a décidé d’en faire son métier.

Née en 1982, la jeune femme écume les tournois depuis maintenant 12 ans, même si elle a consacré la moitié de ces années à fonder une famille. Une carrière en pointillés qui, le talent aidant, ne l’a pas empêchée de briller.

Pour préparer au mieux les JO de Londres 2012, elle vient de se voir livrer - de même que son coéquipier Hoàng Xuân Vinh qui fera le déplacement avec elle - une carabine à air comprimé de marque Morini, modèle CM 162 EL, fabriquée en Suisse. Une arme de haute précision dont elle a modifié la crosse pour une meilleure ergonomie. «Une tireuse professionnelle se doit de savoir s’occuper de tous ses outils d’entraînement», explique celle dont la profession est de «jouer avec les armes à feu», comme elle le dit, non sans humour.

Réintégrée officiellement dans la sélection nationale en 2011, Hoàng Ngoc n’a rien perdu de sa superbe. Avec son regard aiguisé comme jamais et une condition physique optimale, son entraîneur sud-coréen n’a jamais émis le moindre doute quant à sa capacité de se qualifier pour les JO dans le cadre des Championnats d’Asie disputés au Qatar début 2012.

Cependant, attention à l’excès de confiance. Alors que les sessions d’entraînement de tir au fusil à air comprimé à 10 m se déroulaient de manière optimale, Hoàng Ngoc a montré une étrange - et inquiétante -fébrilité en compétition. Fébrilité qui a bien failli lui coûter très cher... Encouragée par son entraîneur, elle s’est rattrapée lors de l’épreuve de pistolet sportif (toujours à 10 m), retrouvant cette sérénité qui la caractérise pour prendre une belle 6e place finale (579 points) et décrocher un des sept billets pour Londres délivrés à la région Asie. Et, cerise sur le gâteau, elle sera également autorisée à participer à l’épreuve de tir individuel à la carabine à 10 m, bien aidée, il est vrai, par le règlement du Comité international olympique (CIO).

Lê Thi Hoàng Ngoc, et chez les messieurs Hoàng Xuân Vinh ont d’ors et déjà écrit une belle page de l’histoire du tir vietnamien, obtenant pour la première fois une qualification directe aux JO. Jusqu’ici, les tireurs du pays n’avaient été conviés à participer à la plus prestigieuse des compétitions que par le biais d’un système de dérogation défini par le CIO.

Défendre les couleurs de son pays aux Jeux olympiques est le rêve de tout sportif de haut niveau. C’est également un immense honneur. Lê Thi Hoàng Ngoc en est parfaitement consciente et s’entraîne sans relâche au stand de tir du Centre national de l’entraînement sportif de Hanoi pour parfaire sa technique et être prête le jour J à Londres. La cible ultime, en somme. – AVI