Hanoi (VNA) - L’artiste Ngô Phuong a l’ambition d’organiser une exposition photographique sur la guerre du Vietnam. Sa collection compte déjà plus de 10.000 clichés et il continue de l’enrichir.

Il collectionne les photos sur la guerre du Vietnam hinh anh 1L’artiste Ngô Phuong. LD/CVN
 

Le Canadien d’origine vietnamienne Ngô Phuong est propriétaire de la collection Vietnam archive project. «La plupart des photos ont été achetées sur eBay, partage-t-il. Connaissant mon projet, des informateurs m’alertent sur Internet lorsqu’une série de photos sur la guerre du Vietnam est à vendre. Il m’est arrivé de dépenser tout mon argent pour acquérir des clichés de grande qualité».


Ngô Phuong est né à Adelaïde. Ses parents ont demandé l’asile politique en Australie pour fuir la guerre du Vietnam qui ravageait le pays. Le jeune homme évoque un sentiment de culpabilité d’avoir échappé à un destin qui n’annonçait rien de bon si ses parents étaient restés. «Je vis dans un environnement sécuritaire et neutre politiquement parlant. Mais il y a des gens de ma génération qui vivent au Vietnam et qui continuent de subir les conséquences dévastatrices de cette guerre. Je pense notamment aux victimes de l’agent orange».

Phuong explique que c’est ce sentiment de culpabilité qui fait qu’il ressent à la fois de la sympathie et une aversion profonde pour ce conflit. «Évidemment que tout le monde déteste la guerre, ainsi que toutes ses conséquences meurtrières sur l’humanité !, insiste-t-il. Néanmoins, si les Américains n’avaient pas été présents au Vietnam, et si les Australiens n’avaient pas participé à cette guerre, auraient-ils accepté tous ces réfugiés ?».

Le passé pour mieux comprendre le présent

Il collectionne les photos sur la guerre du Vietnam hinh anh 2La guerre du Vietnam est la première et unique guerre où les photos pouvaient être prises librement. Photo : Vietnam archive project/CVN
Phuong raconte que pendant sa jeunesse, ses origines vietnamiennes le laissaient indifférent. Aujourd’hui cependant, il part au Vietnam tous les ans. «L’économie se développe plutôt bien et le pays change tout le temps, observe-t-il. Le Vietnam est comme un être vivant. Si j’y reviens dans dix ans, il aura complètement changé de visage». Il confie aussi que le fait de rassembler une telle collection lui permet de mieux comprendre le pays actuel, ainsi que la diaspora établie en Australie.

«Je ne vais pas au Vietnam seulement pour voir dans quel état est le pays en ce moment. C’est aussi pour mieux comprendre le pays que ma famille avait fuit, son histoire et sa valeur symbolique pour la communauté vietnamienne en Australie».


Il collectionne les photos sur la guerre du Vietnam hinh anh 3Le fait de collectionner des photos sur la guerre du Vietnam permet à Ngô Phuong de mieux comprendre le pays. Photo : Vietnam archive project/CVN

Phuong fait savoir que maintenir cette collection de photos est un challenge compliqué. «Le problème n’est pas le manque de place pour le stockage, mais la méthode pour bien les conserver. Le tri des photos est un vrai problème car je manque de temps pour les scanner toutes. J’en ai déjà scanné 1.000 ou 2.000. Mais je possède 10.000 fichiers en format numérique, et énormément de photos sont individuelles, stockées à part».

Selon lui, il est impossible de voir et d’avoir autant de photos sur les conflits armés les plus récents, comme en Iraq ou en Afghanistan. «Je pense que la guerre du Vietnam représente un cas intéressant car elle est la première et unique guerre où l’armée autorisait n’importe qui à prendre des photos et filmer librement, sans règlement ni interdiction».

«Après le scandale dans la prison d’Abu Graib (en Iraq, ndlr), l’armée américaine a su tirer une grande leçon sur l’art et la manière de restreindre les prises de vues et de réagir au cas où ces photos seraient révélées au grand public».

Pour l’heure, Ngô Phuong prépare son exposition photographique sur la guerre du Vietnam. «Elle permettra de découvrir des facettes parfois inconnues du Vietnam», promet-il. Le vernissage devrait avoir lieu en 2017, au centre d’art Substation à Newport (Australie). -CVN/VNA