Le Comité populaire de Hanoi vient de demander au Service municipal de l’agriculture et du développement rural de planifier la préservation et le développement de la culture du basilic Lang, une variété spéciale et propre à la capitale dont la renommée n’est plus à faire.

Le basilic Lang est cultivé dans le village de Lang de l’arrondissement de Dông Da. D’une couleur pourpre et d’un parfum suave, cette variété de basilic à la saveur agréable et subtile accompagne à merveille nombre de plats tout aussi typiques de Hanoi tels que banh cuôn (sorte de ravioli), bun ôc (soupe de vermicelles de riz avec des ampullaires), ou bun cha (vermicelles avec de la viande porc grillé en sauce avec herbes odoriférantes)...

Mais aujourd’hui, les derniers terrains de maraîchage du village de Lang sont menacés par l'urbanisation galopante, au point que cette variété de basilic risque de disparaître... En effet, il ne demeure plus que 40 foyers cultivant ce basilic avec une superficie d’environ 2.000 m2 qui s’amenuise progressivement, entraînant plusieurs difficultés pour les maraîchers de ce village, notamment pour arroser leurs cultures entourées de hauts bâtiments.

Le Service municipal de l’agriculture et du développement rural a récemment soumis au Comité populaire municipal une planification de la préservation et du développement de cette culture. Le vice-président du Comité populaire de Hanoi, Trân Xuân Viêt, a agréé cette planification en soulignant que «le basilic Lang est non seulement une variété précieuse de notre agriculture mais participe en outre des valeurs culturelles traditionnelles de la capitale millénaire».

Fidèles à leur métier traditionnel, certains horticulteurs poursuivent la culture dans les derniers jardins du centre-ville. En outre, la plupart d’entre eux prennent de l’âge. "Je représente la 4e génération d’une famille de maraîchers. Avant, ma famille plantait dix parcelles de basilic, aujourd’hui, seulement deux», déplore la septuagénaire Truong Thi Dinh en arrachant des herbes sur une parcelle de maraîchage entourée de hauts bâtiments.

Celle-ci n’est pas éloignée des parcelles de basilic de Mme Dinh, dont le produit est destiné à Mme Soi, de la rue Chua Lang. Cette année, elle a 80 ans, ce qui ne l’empêche pas d’arroser ses cultures. Après plusieurs années dans ce métier qu’elle aime, cette ancienne voit aujourd'hui les se transformer d’année en année en toujours plus d'immeubles. «Le métier du maraîchage se perd progressivement. Il n’y a plus que quelques personnes âgées comme moi à continuer de cultiver le basilic de notre village. Et nous voulons avant tout garder le dernier parfum de notre fameux basilic pour le transmettre à nos jeunes générations», a affirmé Mme Soi.

Selon le président de la Coopérative de commerce et de services de Lang Thuong, Lâm Van Thanh, plusieurs horticulteurs d’autres quartiers de la capitale ont essayé de planter cette espèce de basilic sur leurs terres, mais sans succès aucun. Le basilic Lang ne prospère que sur la terre du village de Lang et nulle part ailleurs, sauf à perdre ses saveur et flagrance particulières qui le distinguent de toutes les autres variétés...

Trois éléments font du basilic de Lang ce qu’il est : le terroir, l'eau et l'assiduité du maraîcher. Or, les deux premiers disparaissent : la terre est polluée de déchets de construction, et les étangs et mares sont remblayés, a-t-il ajouté.

Et pourtant, les maraîchers du village Lang ont été très joyeux lorsque la ville a décidé de planifier la préservation et le développement de leur fameux basilic local. Les derniers terrains consacrés à sa culture sont désormais sauvés de la disparition, et la culture gastronomique de la capitale conservera l’un de ses traits uniques qu’est le basilic Lang. - AVI