Le club de ca trù Hai Phong vient de présenter au public un programme de chant "cua dinh" (un genre typique du "ca trù" - une forme complexe de poésie chantée) à la maison communale Hàng Kênh, un type de chant quasi-disparu.

Près de six ans après la reconnaissance du "ca trù" par l’UNESCO comme "patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente", pour la première fois, le chant "cua dinh" a été revalorisé par un club.

Pour y parvenir, les artistes du club de ca trù Hai Phong ont demandé à l'artiste Nguyen Phu De de leur transmettre son savoir sur cet art vocal.

Selon le chercheur Bui Trong Hien, Nguyen Phu De est le seul artiste à connaître encore des airs du chant "cua dinh". Ce maître du ca trù, âgé de 92 ans, est né au hameau de Cao La, district de Tu Kỳ, province de Hai Duong (à près de 60 km de Hanoi), berceau du ca trù. Son père était instrumentiste et sa mère chanteuse de ca trù. Bon gènes ne sauraient mentir!

Durant quatre mois, depuis septembre 2014, l'"Artiste émérite" Do Quyen, responsable du club de ca tru Hai Phong, et des chanteurs de ce club, ont fréquenté la maison de Nguyen Phu De, pour cette transmission de savoir. Grâce à l'aide du chercheur Bui Trong Hien et de l'artiste Nguyen Phu De, une séance entière de chant "cua dinh" a pu être collectée.

Selon les documents, le chant "cua dinh", interprété devant les maisons communales et les temples, était souvent réservé aux meilleurs artistes en raison de la rigueur exigée. Il est un type ancien de ca trù, mais il a perdu de son lustre d’antan depuis au moins six décennies.

Le ca trù est apparu sous la dynastie Lý, au XIe siècle. Au départ, il était appelé Hát Khuôn et était joué lors des rites royaux ou religieux. Plus tard le style s’est répandu dans divers événements comme les banquets ou mariages sous le nom de Hát Hàng Ho. Le ca trù est aussi nommé Hát Nhà Trò, Hát Thưởng, Hát Cửa Quyền, Hát Cửa Đình ou Hát ả đào. Le ca trù a connu son âge d’or à la fin du XIXe-début du XXe siècles. Il a connu des hauts et des bas, mais s’est néanmoins transmis jusqu’à maintenant. Il reste un art traditionnel parmi les plus connus du pays.

Le ca trù est implanté dans 15 villes et provinces du Nord et dans la partie Nord du Centre. Au moment de la reconnaissance du ca trù en tant que patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente en 2009, le pays recensait 20 clubs dont plus de la moitié à Hanoi. Leur nombre n’a cessé de reculer, et les vieux artistes, les plus expérimentés, ont quitté ce monde les uns après les autres, sans que personne ou presque ne reprenne le flambeau. -VNA