L’agriculture est par nature particulièrement sensible aux aléas climatiques. Il est incontestable que les assurances agricoles sont capitales au développement agricole, même si leur mise en place est complexe.

La production agricole au Vietnam est exposée à d’énormes risques car il est l’un des dix pays les plus frappés dans le monde par les catastrophes naturelles. Il faut donc développer les assurances agricoles afin de pouvoir mieux garantir les agriculteurs de toutes les pertes résultant non de l’instabilité du marché mondial, mais surtout des catastrophes naturelles, épizooties et changements climatiques.

Chaque année, les pertes causées par ces dernières s’élèvent à des dizaines de milliers de milliards de dôngs. Le secteur agricole souffre chaque année de sécheresses ou au contraire d’inondations dévastatrices. En dehors de la destruction des cultures, le climat, les maladies et autres catastrophes naturelles peuvent déprécier les récoltes d’un point de vue quantitatif comme qualitatif. Des risques d’autant plus prégnant que l’agriculture vietnamienne repose en grande partie sur de petites exploitations familiales, très faiblement spécialisées et aux technologies traditionnelles. Il est clair que pour s’orienter vers une agriculture de type marchande, les agriculteurs doivent être assurés.

Selon les directeurs des services provinciaux de l’agriculture et du développement rural, l’expérimentation d’assurances agricoles est extrêmement importante en cette conjoncture d’augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles et des épizooties. Ils soulignent toutefois que leur mise en place doit être plus adéquate qu’actuellement, notamment en ce qui concerne la taille des exploitations concernées. Or, concrètement, ce sont les exploitations de moyenne taille qui vont en bénéficier, alors que celles qui en ont le plus besoin et qui devraient être privilégiées sont les plus petites, y compris les foyers pauvres. L’agriculture demeure un secteur majeur au Vietnam, bien que sa contribution au PIB ait tendance à diminuer, d’autant plus qu’il concerne 70% de la population vietnamienne qui vit toujours en zones rurales.

Trois secteurs bénéficiaires

Cette expérimentation ne sera menée que pour la riziculture, l’élevage et l’aquaculture. Dans le cadre de ce projet, l’État prend intégralement en charge la prime d’assurance des exploitations familiales et individuelles pauvres. Celles qui sont au seuil de la pauvreté seront prises en charge à hauteur de 90%, et celles à revenu moyen, de 60%. Enfin, les personnes morales qui participeront à ce projet d’assurances agricoles verront leur prime d’assurance prise en charge à hauteur de 20%.

Le montant de la prime ? Il est très variable compte tenu de la grande diversité de ses activités allant de la riziculture à l’élevage bovin et porcin, en passant par la fruiticulture, l’aquaculture... Ainsi, dans la riziculture, la prime représentera entre 3% et 5% du montant du risque garanti par la police d’assurance. Les polices prévoient également une franchise au niveau de la réalisation du risque : il n’y aura de sinistre au sens contractuel qu’en cas de pertes dues à des calamités naturelles, des épizooties ou épiphyties frappant 20% de l’élevage de volailles et porcin, 25% de la récolte rizicole estimée, et 30% de la production estimée de poisson tra et de crevettes. Au-delà de cette franchise, les pertes économiques seront entièrement indemnisées.

Les primes d’assurances agricoles ont été liquidées sur la base des statistiques des sinistres survenus lors de ces cinq dernières années, et avec le conseil de compagnies internationales de réassurance. Elles varient suivant les secteurs d’activité bien sûr, mais aussi suivant les trois régions du Vietnam où les conditions climatiques et géologiques, les sinistres... sont différents. D’où plusieurs tarifs de primes d’assurance.

Les assurances concernant la riziculture sont expérimentées dans les provinces de Nam Dinh et Thai Binh (Nord), Nghê An, Hà Tinh et Binh Thuân (Centre), An Giang et Dông Thap (Sud). L’assurance élevage de volailles et de bétail est mise en œuvre dans les provinces de Bac Ninh, Hai Phong, Hanoi, Vinh Phuc, Thanh Hoa (Nord), Nghê An, Binh Dinh (Centre), Dông Nai et Binh Duong (Sud).

Les assurances dans l’aquaculture seront souscrites dans les provinces méridionales de Bên Tre, Soc Trang, Bac Liêu, Trà Vinh et Cà Mau. Un premier bilan sera dressé en juin 2014, selon Phùng Ngoc Khanh, vice-directeur du Département de gestion et de contrôle des assurances (ministère des Finances). -VNA