Football: Lê Công Vinh, la centième rugissante
Samedi 22 mars, le club Sông Lam Nghê An, qui jouait à domicile au stade
de Vinh, a remporté une victoire convaincante (3-1) face au club de Hai
Phong. Si l’ambiance dans l’enceinte était un cran en-dessous de la
furia des supporters la semaine précédente suite à la victoire du club
dans le derby contre le club du Charbon de Quang Ninh (3-0), ce match
fera date. En effet, à la 77e minute et sur penalty, Lê Công Vinh a
marqué le centième but de sa carrière en V-League. Personne avant lui
n’y était encore parvenu depuis que le Championnat du Vietnam de
football est devenu professionnel, en l’an 2000.
Des milliers de supporters du club Sông Lam Nghê An sont restés dans les
tribunes après le coup de sifflet final de la rencontre pour lui rendre
hommage. Des images qui n’étaient pas sans rappeler celles émouvantes
de fin 2013, juste avant que «l’enfant du pays» ne s’envole pour le club
japonais Consadole Sapporo.
Cent buts sans coup férir
«C’est un but extraordinaire, d’autant que mes premier et centième
buts ont été marqués au stade de Vinh, sous le maillot du Sông Lam Nghê
An. Je voudrais dédicacer ce but aux supporters de Nghê An», confie Công
Vinh.
Ce but «historique» lui a aussi permis de se
défaire d’une pression importante. En août 2013, Công Vinh a quitté le
Sông Lam Nghê An pour le club nippon que l’on sait, alors qu’il était en
train de vivre sa meilleure saison dans l’élite vietnamienne, avec 13
réalisations, portant son total à 92 buts. Son transfert a été vécu
comme un déchirement pour son club formateur, qui a dû se contenter de
la 4e place finale alors qu’il visait le titre de champion.
L’attaquant Lê Công Vinh (maillot blanc) a inscrit son nom dans l’histoire de la V-League.
De retour au club pour la saison 2014, Công Vinh a repris ses (bonnes)
habitudes en enfilant le brassard de capitaine, à la tête d’une jeune
formation d’un club qui a dû se séparer d’une partie de ses meilleurs
éléments à l’intersaison (Nguyên Trong Hoàng, Au Van Hoàn et Nguyên Van
Binh notamment), en raison de difficultés financières.
Sur le banc des remplaçants et titularisé à la 72e minute, par
précaution (il avait pris un mauvais coup lors du match précédent),
l’attaquant a trouvé le chemin des filets cinq minutes seulement après
son entrée, sur pénalty, au plus grand bonheur des supporters.
«C’est sûr que cette réalisation permettra à Công Vinh de retrouver
son instinct de buteur. Après le départ de plusieurs cadres de l’équipe
au début de la saison, Công Vinh doit assumer la responsabilité d’être
un meneur d’hommes sur le terrain», dit l’entraîneur du club, Nguyên Huu
Thang. Selon lui, le 100e but de Công Vinh constitue une motivation
supplémentaire pour les attaquants vietnamiens de se surpasser et
montrer ce dont ils sont capables, notamment dans le contexte où les
attaquants étrangers dominent le classement des buteurs de la V-League.
Seul le travail paie
Il est de
notoriété publique que Công Vinh n’a pas hérité d’un don pour le
football. Pourtant, personne ne peut nier qu’il est actuellement le
meilleur attaquant au Vietnam. La clé de son succès ? Le travail,
toujours le travail et une remise en question permanente.
À ses débuts au club Sông Lam Nghê An, Công Vinh était l’objet de
quolibets. On lui prêtait volontiers la réputation d’avoir les «pieds
carrés». Malgré des lacunes évidentes sur le plan technique, Công Vinh a
été conservé par le club en raison de sa persévérance et de sa volonté
farouche de progresser. Des qualités qui se sont rapidement traduites
sur le terrain, où Công Vinh a peu à peu marqué son territoire pour
devenir le joueur que l’on connaît aujourd’hui. Son parcours est aussi
un exemple pour tous les jeunes footballeurs du club.
«Công Vinh est le meilleur footballeur professionnel du Vietnam,
estime l’entraîneur de Sông Lam Nghê An, Nguyên Huu Thang. Je le suis
depuis la Coupe JVC en 2003. À cette époque-là, il était en concurrence
avec de sacrées pointures comme Van Quyên, Phan Thanh Hoàn… Cependant,
son comportement et son envie de gagner lui ont permis de faire de
nombreux matchs sensationnels. Il a alors été appelé en sélection chez
les moins de 23 ans (U23), puis chez les séniors».
«Pour moi, le secret, c’est de ne pas se contenter des résultats que
l’on a, aussi bon soient-ils. Même après avoir soulevé l’AFF Cup en 2008
avec la sélection vietnamienne, je ne me suis jamais reposé sur mes
lauriers. Je me fixe toujours de nouveaux objectifs», confie Công Vinh.
Un exemple de pugnacité à montrer dans toutes les écoles de football. –
VNA