Faire des bénéfices en faisant du social : avis d’experts
Vu Tiên Lôc, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam
Les entreprises doivent prendre en compte qu’elles appartiennent
pleinement à la société et, comme tout membre d’une société, ont un
intérêt commun avec celle-ci comme avec tous ses autres acteurs, ne
serait-ce que dans le développement du milieu dans lequel elles
évoluent. La santé du «corps social», qui passe aussi par l’économique,
dépend du bon développement de chacune de ses «cellules», dont les
entreprises.
Pratiquer la RSE va au-delà d’une recherche d’une image de
prestige, elle permet à l’entreprise de s’imposer sur le marché, car
investir en ce domaine a pour résultat une plus grande compétitivité et
un développement plus durable. Une pratique constante de la RSE lui
apportera de nombreux avantages, dont la baisse de ses coûts, la
croissance de son chiffre d’affaires, la valorisation de sa marque, la
stabilité de ses effectifs de personnel ou, encore, de plus nombreuses
opportunités de débouchés. La conscience d’une entreprise en matière de
responsabilité sociale est en relation directe avec son succès. J’espère
que dans les temps à venir, de nombreuses entreprises considèreront
leur responsabilité sociale comme une nouvelle orientation de leur
activité.
Nguyên Huu Ninh, expert en développement durable
Pratiquer la RSE induit une relation de réciprocité : si l’entreprise
est socialement responsable, en retour, la société est responsable au
regard de la consommation de ses produits. J’ai souvent constaté
l’importance des autorités publiques dans l’encouragement des
entreprises à pratiquer cette responsabilité sociale. Par exemple, si
une petite ou moyenne entreprise est d’une grande valeur économique à la
localité dans laquelle elle est, par exemple en termes d’emploi,
celle-ci doit lui accorder des privilèges. Si les autorités locales
approfondissent leurs relations avec l’entreprise en suivant étroitement
son évolution, cette dernière sera davantage portée à pleinement
assumer sa responsabilité sociale.
Zhuo Xian Hong, directeur général du groupe taïwanais Foxconn Technology
Les entreprises considèrent la RSE comme une opportunité et une
expérience en vue d’un fonctionnement plus rentable. Dans notre secteur
qui est l’électronique, nous avons de très grands clients comme HP,
Nokia, Apple, Dell, Lenovo ou Canon qui, eux aussi, insistent sur la
RSE. Et, de fait, c’est également un des points de notre stratégie de
notre groupe. Ainsi, Foxconn a construit 12 locaux, 9 logements,
réfectoires ainsi que zones de restauration et de loisirs pour son
personnel, les plus de 13.000 personnes employées par nos deux filiales
au Vietnam. Elles vivent ainsi dans des conditions de travail qui sont
aux normes de sécurité du travail, d’égalité des sexes, de respect de
l’environnement...
Vu Thi Thuân, présidente du conseil d’administration de la Compagnie par actions pharmaceutique Traphaco.
La responsabilité sociale en tant que perspective de développement
durable est une tendance désormais inéluctable pour l’entreprise sur la
voie de son intégration au monde. Celle-ci présente d’énormes intérêts
pour l’entreprise comme pour la société, notamment en termes
d’amélioration de la compétitivité de l’entreprise. Chez nous, nous
avons institué une culture de coopération et de partage au sein de
l’entreprise. Lors d’une enquête réalisée par notre direction, la
plupart de nos salariés ont indiqué que le niveau des salaires n’est pas
un facteur décisif dans leur choix de travailler pour nous. Le plus
important, pour eux, est d’avoir un emploi, de s’affirmer tout en
contribuant aux relations au sein de l’entreprise, ainsi que de
s’entraider. Plus l’entreprise pratique sérieusement sa responsabilité
sociale, plus elle en retire d’avantages. Et en qui nous concerne, c’est
la raison pour laquelle notre entreprise maintient une croissance
annuelle de 25% à 30% en dépit des difficultés économiques actuelles.
Le professeur Mark Kramer, de l’Université de Harvard (États-Unis)
Toutes les entreprises, petites comme grandes, peuvent mettre en œuvre
la RSE dans le cadre de leur stratégie de développement. Elles doivent
étudier les besoins sociaux et les goûts du consommateur pour définir le
meilleur plan de développement. Si elles le font effectivement, la
question du coût n’est pas importante. Il en est de même en matière de
RSE. Or, dans leur grande majorité, elles ne perçoivent que leur
activité commerciale en considérant que leur rôle dans la société se
limite à générer un chiffre d’affaires et à réaliser des bénéfices.
Elles considèrent que toute la dimension sociale de leur activité relève
de la société, et donc, le cas échéant, du gouvernement, sans aucune
responsabilité de leur part. C’est faux.
Les entreprises sont en mesure de faire des profits tout en répondant à tous les aspects sociaux que leur existence et leur activité impliquent. Au Vietnam, la plupart sont de petites et moyennes entreprises. La recherche de solutions pour une harmonie entre leur intérêt et celui de la société contribuera pour une grande part au développement de chacun.
Pour l’entreprise, c’est améliorer sa compétitivité, bénéficier d’un développement durable et affirmer sa position sur le marché. Pour la société, c’est le règlement effectif de difficultés ponctuelles ou locales qui, cumulées, peuvent devenir un problème de société ou, si vous préférez, le bénéfice d’un certain bien-être social. – VNA