Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme lance une campagne d’ouverture de bibliothèques familiales. Le but est de donner l’habitude de lire aux membres des familles.

Cette campagne d’ouverture d’une «Bibliothèque familiale» vise à encourager les enfants à prendre l’habitude de lire afin de conserver ce mode traditionnel d’acquisition de connaissances parallèlement aux plus récents supports que sont, par exemple, la télé ou Internet. L’objectif est qu’en 2020, 50% des familles urbaines, 45% des foyers ruraux et montagnards possèdent une bibliothèque à la maison.

Selon le chef adjoint du Département de la bibliothèque (ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme) Nguyên Huu Gioi, dans la société vietnamienne, la famille a un rôle important dans le niveau d’instruction des jeunes. Elle contribue aussi à préserver et valoriser la culture nationale. Dans l’histoire du pays, hormis les bibliothèques nationales, il y avait celles de familles connues telles celle de l’historien Lê Van Huu, de l’enseignant Chu Van An, du poète Nguyên Du... En cette période d’intégration internationale, concevoir une culture de la lecture, en particulier par l’ouverture de bibliothèques familiales, est indispensable.

La bibliothèque de la famille du docteur Pham Duc Duong, président de l’Association d’études des sciences d’Asie du Sud-Est pour le Vietnam et directeur de l’Institut de recherche en culture orientale, située dans la rue Kim Ma Thuong à Hanoi, a été fondée en 1998. Elle compte désormais plus de 10.000 livres, plus de 50 titres de journaux et de magazines vietnamiens comme étrangers, ainsi que 400 thèses de master et de doctorat. Elle est ouverte tous les jours de la semaine pour les étudiants et enseignants de Hanoi.

Chaque année, elle accueille plus de 500 personnes. Son propriétaire, M. Duong, permet aux lecteurs une entrée libre et les aide même à choisir leurs ouvrages. «Nous organisons souvent des colloques scientifiques afin d’échanger nos connaissances», ajoute-t-il.

Grâce aux reportages écrits et télévisés sur sa bibliothèque, «des étudiants et élèves de différentes provinces du pays connaissent ma bibliothèque et m’ont demandé des documents. Quelques-uns m’ont même offert des livres. Je suis plus occupé depuis l’ouverture de la bibliothèque mais très heureux, et je me sens plus proche des autres, surtout des étudiants», fait remarquer le docteur Pham Duc Duong.

La «bibliothèque de M. Thang» est le nom que la population locale a donné à la bibliothèque de Bùi Dinh Thang, un ancien combattant du village de Doàn Dào, commune du même nom, district de Phù Cu, dans la province de Hung Yên (Nord). Après trente années de service dans l’armée, M. Thang a souhaité à sa retraite consacrer le reste de sa vie à améliorer le niveau d’instruction des gens de sa province natale. Il a consacré tous ses économies à l’achat de livres, demandé ses amis de lui en offrir, transformant sa maison en bibliothèque.

Cette bibliothèque gratuite a finalement ouvert en 1990 avec un fonds de plus de 9.000 ouvrages et de près de 60 titres de magazines et journaux. En plus de 20 ans d’existence, elle a accueilli quelque 25.000 personnes.

Hormis ces deux bibliothèques familiales, il y en a d’autres dans l’ensemble du pays qui sont ouvertes gratuitement aux familles. Par exemple celles de Nguyên Van Chin à Hanoi, de Doàn Duy Thành et de Pham Chi Thiên à Hai Duong, ou encore de Huynh Tân Hung à Vinh Long...

En 2011, le pays comptait une quarantaine de ces bibliothèques familiales ouvertes gratuitement à tous, et ces dernières années, elles ont contribué à maintenir une culture de la lecture comme à élever le niveau d’instruction de nombre de gens.

Le chercheur et traducteur Bùi Van Son Nam est un «fan» de la bibliothèque familiale qui, grâce à elle, lui a permis de lire des livres de Descartes dès l’âge de 12 ans et, 50 ans après, il est devenu le premier traducteur des Critiques de Kant.

Le 28 juin a été retenu en tant que Journée de la famille vietnamienne. Le but est d’attirer l’attention des autorités, ministères et associations sur l’édification de familles «civilisées et heureuses», sur l’instruction des enfants ainsi que sur le maintien et la promotion des valeurs de la famille comme de son rôle. Elle est aussi l’occasion pour les Vietnamiens de penser à leur famille et à leurs proches. Quoi qu’ils fassent, où qu’ils soient, leur famille sera toujours leur «nid douillet». – AVI