L'éléphant est un symbole du Tây Nguyên (Hauts Plateaux du Centre) et la province de Dak Lak est considérée comme le « pays des éléphants » au Vietnam. Dans le passé, le Tây Nguyên avait de grands troupeaux d'éléphants sauvages. Mais aujourd'hui, à cause de la déforestation et du braconnage, l’espèce est menacée d’extinction.

Ces dernières années, les forêts naturelles ont considérablement reculé, entraînant une diminution rapide du nombre d'éléphants sauvages et, par voie de conséquence, d’éléphants domestiqués. Selon les experts, les éléphants sauvages sont proches de l’extinction au Vietnam.

Ces dernières années, à cause de la régression de leur habitat, de plus en plus d’éléphants sauvages du Tây Nguyên ont quitté les forêts pour chercher de la nourriture dans les cultures, mettant en danger la vie des personnes. Ainsi, en 2013, un troupeau de 17 éléphants errait à 5 km du centre du district d’Ea Sup.

Pham Ngoc Lang, directeur adjoint du Centre de conservation des éléphants de la province de Dak Lak, a déclaré : «Ces dernières années, le braconnage des éléphants sauvages était en hausse. Nous avons essayé de collaborer avec les services de police locaux pour mettre en œuvre des mesures de prévention de la déforestation, mais les bûcherons illégaux sont de plus en plus audacieux».

Selon les données du Centre, depuis 2009, 17 éléphants sauvages ont été tués, et il ne subsisterait de la province de Dak Lak que quatre troupeaux d'éléphants sauvages composés de 60 à 65 individus, lesquels vivent dans les forêts de diptérocarpacées des districts de Buôn Dôn et Ea Sup.

En août 2012, lors d'une patrouille, le Conseil d'administration du Parc national de York Dôn a découvert deux éléphants tués pour leurs défenses, et récolté sept douilles sur le terrain. Le braconnage des éléphants, en particulier des mâles pour leurs défenses, a grandement affecté la structure des troupeaux. La diminution du nombre de mâles dans un troupeau conduit à un faible taux de reproduction.

Le trafic de défenses, d’os et de poils de la queue est également compliqué à combattre, car ce commerce illégal mais particulièrement juteux encourage le braconnage.

Ces dernières années, la coupe illégale de queues sur des éléphants domestiques est apparue. Depuis 2008, il y a eu trois cas. Nguyên Công Trung, directeur adjoint du Centre de conservation des éléphants de la province de Dak Lak, aussi en charge de la conservation des éléphants domestiques, a indiqué : «Les poils de queue ont comme fonction d'effrayer les mouches, moustiques et autres insectes. Sans ces poils, les éléphants peuvent être facilement victimes de ces insectes. Couper la queue des éléphants pour fabriquer des produits d'artisanat met directement en danger leur survie».

Dak Lak compte 53 éléphants domestiques âgés de 18 à 60 ans. Ils sont concentrés dans les districts de Buôn Dôn et Lak (29 à Buôn Dôn et 24 dans le district de Lak). Les éléphants domestiques de la province de Dak Lak ne se reproduisent plus, en raison principalement de la diminution des zones de pâturage, du manque de nourriture et du manque d'eau pendant la saison sèche.


Selon des scientifiques, le cycle œstral de l'éléphant dure 3 mois, mais l'ovulation a lieu une seule journée. Ainsi, les éléphants mâles et femelles doivent être ensemble une longue période, ce qui n’est plus le cas actuellement.

Eléphants domestiques et sauvages, même combat

C’est en 2011 que le Centre de conservation des éléphants a été créé. Il a pour fonction de prendre soin de la santé et de la reproduction des éléphants domestiques, de protéger les éléphants sauvages, de les étudier et de limiter les conflits entre ces derniers et les humains, de préserver leur habitat et, dans le même temps, de conserver et de développer les valeurs traditionnelles autour de la domestication des éléphants, notamment par l'organisation d'un festival annuel.

En mars 2013, le Centre, en collaboration avec le Parc national de York Dôn, a utilisé les éléphants domestiqués pour sauver un éléphanteau sauvage pris au piège en forêt. Après 10 jours de traitement, l’éléphanteau a été remis en liberté. Cela montre l'efficacité des patrouilles de surveillance des mouvements dans le couloir de déplacement des éléphants dans le district de Buôn Dôn.

Au cours de notre périple dans le Parc national de York Dôn avec les gardes, nous avons pu mieux comprendre leur travail. Y Mut, un homme de l’ethnie Edé qui travaille au Conseil de gestion du parc national depuis plus de 20 ans, nous a confié : «Plusieurs fois, en patrouillant dans les forêts sans voir les signes de présence d’éléphants comme des branches d’arbre rompues ou des déjections, nous avons été très inquiets. Nous avons dû élargir la zone de patrouille pour voir si les éléphants s’étaient déplacés vers des zones habitées. Dans ce cas, c’est très dangereux, pour eux comme pour les populations».

Dans les projets de conservation, le suivi des mouvements des éléphants est une priorité absolue pour éviter des heurts inutiles entre les humains et les pachydermes. Le Conseil d'administration du Parc national de York Dôn, en collaboration avec le Centre de conservation des éléphants de la province de Dak Lak, a établi une équipe chargée de ce travail de terrain.

Pour les éléphants apprivoisés, le Conseil d'administration a établi une zone de pâturage expérimentales dans le Parc national de York Dôn pour quatre éléphants. Située dans un endroit sûr, elle est régulièrement contrôlée par les gardes, ce qui permet de faciliter la reproduction des éléphants. Outre l'implication des autorités compétentes, ces projets bénéficient également du soutien et de la participation de la population locale.

Pendant notre séjour dans le district de Lak, nous avons rencontré Dàng Nang Long, un homme de l’ethnie Edé propriétaire de 10 des 24 éléphants domestiques du district de Lak. Beaucoup de gens le connaissent à cause de son projet d’aider les éléphants domestiques à se reproduire. Long a confié : «Je suis né et j’ai grandi avec les éléphants. En 1970, mon père en avait 12 et j'ai aussi été témoin de la naissance d’un éléphanteau à cette époque».

En 2005, il savait déjà que les troupeaux d'éléphants domestiques de Dak Lak étaient menacés d'extinction dans 20 ans parce que l'âge de reproduction des 53 éléphants arrivait à sa fin (l'âge de reproduction est de 15 à 45 ans). C’est alors qu’il a décidé de déployer un projet. Avec deux mâles et deux femelles en âge de se reproduire, il espérait que son projet serait couronné de succès. Mais après huit ans, la déception était au rendez-vous. Cependant, il est resté déterminé à le poursuivre. "Je vais continuer jusqu'à ce qu'ils se reproduisent".

En 2009, Long a établi sa société de tourisme Vân Long, proche du lac Lak. Selon lui, avec les éléphants, le district de Lak a un grand atout pour attirer les touristes. Cependant, cela nécessite un plan raisonnable et une utilisation respectueuse de ces animaux.

Il a divisé ses dix éléphants en deux troupeaux. Ils travaillent selon un cycle d'une journée de travail et une de repos. Les cornacs doivent accorder une grande attention à veiller à leur santé et l'arrivée de la période de reproduction. S'ils en voient des signes, ils doivent laisser les éléphants au repos.

Avec ces efforts, Long espère que la province de Dak Lak, et le Tây Nguyên plus généralement, pourront conserver leurs éléphants domestiques, un élément important de leur culture. En ce qui concerne les éléphants sauvages, la partie est malheureusement perdue. Ce noble animal disparaîtra sous peu des forêts vietnamiennes, victime du braconnage et de la perte de son habitat... -VNA