Dans le delta du Mekong, priorite aux ressources humaines hinh anh 1Afin d’attirer les travailleurs qualifiés, un bon environnement de travail ainsi qu’un plan à long terme sont indispensables.  Photo: Công Phong/VNA
En dépit d’efforts indéniables dans l’éducation et la formation, le delta du Mékong reste confronté à un problème majeur : le niveau de qualification de ses ressources humaines est loin de satisfaire ses besoins de développement. Pourtant, des solutions existent.

Le delta du Mékong dispose de ressources naturelles et humaines abondantes. Cependant, d’importants progrès restent à faire dans les domaines de l’éducation et de la formation de la main-d’œuvre. Un défi de taille pour la région, capital pour son développement qui se veut inscrit dans la durée.

En 2006, le gouvernement a publié une décision sur le développement de l’éducation et de la formation professionnelle du delta du Mékong à l’horizon 2010, considérant la région comme l’un des pôles économiques du pays. Depuis, le taux de travailleurs formés ne cesse d’augmenter - 10,4% en 2013 contre 7,8% en 2008. Mais ce taux est encore inférieur à la moyenne nationale.

Pénurie de travailleurs qualifiés

La région ne compte que 172 étudiants pour 10.000 habitants, contre 240 pour 10.000 habitants dans l’ensemble du pays. De même, il n’existe qu’une université pour un million d’habitants, contre une pour 500.000 au niveau national.

Vo Trong Huu, du Comité de pilotage du Nam Bô occidental, fait savoir que le delta du Mékong souffre d’une grave pénurie de personnel dans le secteur de la santé. Actuellement, 332 des 1.611 communes ne disposent d’aucun médecin. Pour tenter d’y remédier, plusieurs provinces et villes du delta du Mékong ont coopéré ces dernières années avec la Faculté de médecine et des produits pharmaceutiques de la ville de Cân Tho. L’objectif : former du personnel en fonction de leurs besoins. Problème, au sortir de l’université, seuls 60% des étudiants retournent travailler près de leur lieu de naissance.

«Le manque de politiques afin d’attirer les diplômés explique en grande partie cette situation. De plus, la pénurie d’équipements médicaux dans les dispensaires fait qu’ils n’ont pas l’occasion d’appliquer leurs connaissances et d’élever leur niveau de compétences professionnelles. Ils n’ont donc pas d’autre alternative que de trouver un emploi dans les grandes villes», éclaire Vo Trong Huu. Et d’ajouter, plus largement : «Les bases matérielles du delta du Mékong sont insuffisantes. Il y a encore très peu de grandes entreprises. Et celles qui y sont implantées opèrent essentiellement dans la transformation des produits aquatiques ou le décorticage du paddy. Des secteurs d’activité qui n’exigent pas un niveau de qualification professionnelle élevé. C’est pourquoi de nombreux étudiants dans le secteur technique ne trouvent pas d’emploi une fois leur diplôme obtenu».

Lê Thi Sau, enseignante à l’Institut politique de la région IV, soulève un autre problème : «Les formations proposées n’ont pas suivi le rythme du développement économique et social. En dépit d’une main-d’œuvre abondante, le personnel compétent à disposition est insuffisant. Entre 70% et 80% des travailleurs n’ont reçu aucune formation. Le delta du Mékong est le plus grand grenier à riz du pays, l’agriculture et l’aquaculture sont ses principaux atouts. Or, force est de constater que le taux d’étudiants en agriculture, foresterie et aquaculture est trop bas. Avec comme conséquence un retard dans la mise en place des programmes de formation au service de l’industrialisation et de la modernisation de la région».

Rendre la région plus attractive


Dans l’optique d’améliorer la qualité de l’éducation pour être en adéquation avec les exigences du développement socio-économique du delta, le Comité de pilotage du Nam Bô occidental, en collaboration avec le ministère de l’Éducation et de la Formation a mené à bien, de 2011 à 2015, la décision 1033 du Premier ministre Nguyên Tân Dung sur les politiques spécifiques pour la région. Son application a permis aux universités du Nam Bô occidental de coopérer avec les écoles d’autres provinces dans la formation sous diverses formes, en fonction des besoins des provinces. Après trois ans, 3.712 étudiants ont été formés.

«Avec un cursus adapté aux besoins des provinces, les étudiants se forment en toute quiétude. Ils savent qu’ils décrocheront à la sortie un emploi stable. Ce type de formation a permis de remédier à la pénurie de travailleurs qualifiés dans certains secteurs comme l’agriculture, la médecine et l’architecture», partage Vo Trong Huu.

Les premiers résultats sont bel et bien là. Cependant, des experts alertent sur la difficulté de retenir les travailleurs qualifiés. Afin de les faire rester, il faut revoir les politiques de récompense ou compléter les nouvelles afin de les adapter à la réalité d’aujourd’hui. Un bon environnement de travail - décisif à ce niveau - ainsi qu’un plan à long terme sont aussi indispensables.

Ainsi, le Comité populaire de la ville de Cân Tho a rendu publique une décision sur les politiques d’attraction, d’assistance et d’encouragement des ressources humaines de la ville pour la période 2015-2020. La priorité est réservée à la formation dans l’économie, l’éducation, la santé, les techniques et technologies, les biotechnologies, le droit, etc.

Enfin, les cadres, fonctionnaires de la ville, des districts et des communes sont encouragés à suivre des cours de formation afin d’élever, eux aussi, leur niveau de qualification professionnelle. – CVN/VNA