Sa passion pour l’exploration des cavernes a conduit Howard Limbert au Vietnam. Cela fait 22 ans que cet homme arpente le pays, avec à son actif 15 voyages au Centre du Vietnam pour y découvrir les grottes enfouies dans la jungle.

Howard Limbert, 54 ans et de nationalité anglaise, n’en est pas à son premier coup d’essai. Ayant foulé pour la première fois le sol vietnamien en 1990 accompagné de son épouse, il est connu par tous les habitants de la commune de Son Trach (district de Bô Trach, province de Quang Binh, Centre).

À cette époque, Son Trach ne comptait que 3.000 habitants. «La commune n’avait alors qu’une maison en dur et les autorités locales nous ont gracieusement permis d’y passer la nuit», se souvient Howard Limbert. Pauvres, les locaux cherchaient de quoi subsister dans la forêt. Ils n’avaient ni eau courante, ni électricité et n’étaient reliés par aucun axe de communication digne de ce nom. Le paludisme sévissait. Howard Limbert et sa femme, experte dans la santé publique, ont apporté des médicaments, appris aux agents sanitaires et habitants les méthodes de traitement, de lutte et de prévention contre cette maladie.

Son Trach s’est métamorphosée depuis. La commune possède des voies de communication, il y a des marchés, et des lieux d’hébergement ont fait leur apparition, premier signe d’une commune touristique après la reconnaissance du Parc national de Phong Nha-Ke Bang en tant que patrimoine mondial de l’UNESCO.

Howard Limbert se découvre une passion pour la spéléologie à 15 ans, lors d’une sortie scolaire. Un de ses enseignants de l’époque l’emmène, lui et ses camarades, dans une caverne du Yorkshire (au Nord-Est de l’Angleterre).

«Notre professeur qui n’était pas spécialement emballé par cette sortie, nous a laissé chercher nous-mêmes l’entrée de la caverne pendant quelques heures», se souvient Howard. Une fois à l’intérieur, la magie a opéré, avec «la beauté magnifique, mystérieuse de cette caverne, où chaque rocher recèle des secrets historiques, géographiques et géologiques». Une véritable révélation pour l’adolescent.

Fort de cette expérience, il s’inscrit dans un club de spéléologie, où sa passion l’emmène aux quatre coins du monde. Médecin de formation, Howard Limbert consacre tous ses temps libres à la spéléologie, en commençant par écumer la région près de chez lui, à Lake District (dans le Nord-Ouest de l’Angleterre). «Si j’ai mis les pieds dans 90% des cavernes d’Angleterre, je ne sais même pas si j’ai exploré 10% de celles du Parc national de Phong Nha-Ke Bàng», s’amuse-t-il.

En 1989, alors que la spéléologie est appréciée par tous ceux ayant l’esprit d’aventure mais reste néanmoins - et avant tout - un loisir, Howard Limbert a déjà des milliers de cavernes à son actif, et ce dans le monde entier. Il sait aussi que les grottes et cavernes en Asie demeurent mystérieuses, nombre d’entre elles n’ayant pas encore été découvertes. Il adresse alors de nombreux courriers aux services concernés au Laos, au Myanmar et au Vietnam pour demander de l’aide dans l’exploration de ces merveilles. Refus du Laos et du Myanmar, argumentant que «l’opération est très difficile, il faut procéder à des études et examens au préalable».

Mais le son de cloche est différent au Vietnam. Il reçoit une lettre de la Faculté de géographie-géologie de l’École supérieure des sciences naturelles de Hanoi, très intéressée à cette idée. Les universitaires vietnamiens lui fournissent une liste de nombreux contacts, notamment dans la région de Phong Nha - Ke Bàng (province de Quang Binh), une des deux grandes régions calcaires du monde, lieu où aucun spéléologue n’a encore mis les pieds.

Howard Limbert, sa femme et ses collaborateurs viennent de terminer leur 15e exploration de cavernes au Centre du Vietnam. Durant ces deux mois (mars et avril), le groupe de spéléologues a accueilli une équipe de production de documentaires internationale. Le spéléologue anglais avoue qu’il veut faire connaître au monde entier la beauté et l’originalité des cavernes du Vietnam. «Je veux faire quelque chose pour que les touristes internationaux viennent de plus en plus dans la province de Quang Binh. Ce qui permettra aux locaux d’avoir un emploi stable et une vie meilleure», confie-t-il.

Grâce à lui et son équipe de spéléologues, la plus grande caverne du monde jamais répertoriée, Son Doong, a été découverte en 2009. Ses mensurations laissent pantois, avec 6,5 km de long pour 150 m de large. Et la plus grande mesure plus de 5 km de long, pour 200 m de haut et 150 m de large. Ces dimensions ont permis à Son Doong de ravir le titre de plus grande caverne du monde à la Deer Cave, du Parc national du Gunung Mulu en Malaisie.

Les résultats d’exploration du groupe de spéléologues d’Howard Limbert à Phong Nha - Ke Bàng ont été des arguments de poids, dans le dossier de candidature du Parc national de Phong Nha-Ke Bàng pour un classement au titre de patrimoine naturel du monde, déposé à l’UNESCO en 2002. Un an après en effet, le site était classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. - AVI