L'armée a pris le pouvoir jeudi 22 mai en Thaïlande pour tenter de mettre un terme à sept mois de crise politique, forçant tous les manifestants à se disperser et imposant un couvre-feu lors d'un coup d'État condamné par la communauté internationale.

Le Premier ministre renversé, Niwattumrong Boonsongpaisan, comme son gouvernement, se sont vu "ordonner" de "se présenter" au nouveau régime militaire, qui a pris le nom de Conseil national pour le maintien de la paix et de l'ordre.

Plusieurs membres de la famille de l'ancien chef du gouvernement Thaksin Shinawatra, renversé par le précédent putsch de 2006, sont également convoqués vendredi 16 mai à 10h00 (03h00 GMT).

Sont notamment concernés sa sœur Yingluck, Première ministre destituée fin mai, et Somchai Wongsawat, son beau-frère, également chassé du pouvoir par la justice en 2008.

L'armée a également forcé les manifestants des deux camps, résidant dans Bangkok, à rentrer chez eux, et interdit tous rassemblements de plus de 5 personnes. Les militants ont largement obtempéré dans les heures qui suivaient.

La Constitution a également été suspendue, à des chapitres sur la monarchie et le Sénat.

Au terme d'un peu moins de trois jours d'application de la loi martiale destinée, selon l'armée, à forcer au dialogue les acteurs civils de la crise politique, le puissant chef de l'armée de terre, le général Prayut Chan O Cha, est apparu à la télévision dans l'après-midi pour expliquer que cette prise de pouvoir était nécessaire "afin que le pays revienne à la normale".

Le général a mis en avant les violences dans le pays qui ont fait 28 morts depuis le début de la crise l'automne dernier, la plupart lors de tirs ou de jets de grenades en plein Bangkok par des auteurs inconnus.

"Tous les Thaïlandais doivent rester calmes et les fonctionnaires doivent continuer à travailler comme d'habitude", a-t-il ajouté.

Un couvre-feu est entré en vigueur, de 22h à 05h. Toutes les radios et télévisions, y compris les chaînes étrangères, ont vu leurs émissions interrompues pourl a diffusion de bulletins du nouveau régime.

Ce dernier a également menacé de bloquer les réseaux sociaux en cas de critiques.

Le chef de la junte militaire thaïlandaise Prayuth Chan O Cha s'est autoproclamé Premier ministre par intérim jusqu'à ce qu'un remplaçant permanent soit trouvé.

L'ancien général Prayuth, également chef de l'armée, occupera le poste de Premier ministre par intérim pour des raisons administratives, a rapporté vendredi le quotidien Bangkok Post qui rapporte les propos du nouveau Conseil national du maintien de la paix et de l'ordre mis en place en suite du coup d'Etat de jeudi.

La junte a interdit de sortie de territoire de nombreux anciens dirigeants, dont l'ex-Première ministre Mme Yingluck Shinawatra.

"Au total, 155 personnes sont interdites de voyage à l'étranger, sauf autorisation..." "...à des fins de maintien de la paix et de l'ordre", a déclaré un porte-parole militaire.

Mme Shinawatra ne pourra donc pas rejoindre son frère Thaksin Shinawatra, exilé après avoir été victime de putsch de 2006 puis condamné pour malversations financières.

Alors que les réseaux sociaux bruissaient de rumeurs sur son départ à l'étranger, Mme Shinwatra s'est présentée dans la matinée sur la convocation des militaires, tout comme Niwattumrong Boonsongpaisan, ministre qui a assuré l'intérim après sa destitution par la justice le 7 mai.

Au total, une centaine d'anciens responsables politiques du parti Puea Thai (ex-gouvernement) comme du parti Démocrate (opposition) étaient convoqués vendredi par les auteurs de ce coup d'Etat condamné par la communauté internationale. -VNA