Une conférence intitulée « Le Général Giap et Retour sur Dien Bien Phu 60 ans après (1954-2014) » s’est déroulée le 5 avril au Musée de l’Histoire vivante de la ville de Montreuil, en proche banlieue parisienne.

Elle était animée par l’historien Alain Ruscio, correspondant du journal « L’Humanité » au Vietnam durant la période 1978-1980 et Claude Blanchemaison, ambassadeur de France au Vietnam de 1989 à 1993.

La conférence, qui s’incrivait dans le cadre de l’exposition « Indochine-France-Vietnam » a attiré un grand public qui comprenait, entre autres, anciens combattants, membres du Parti communiste français, des Français épris de paix et ceux attachés au Vietnam.

Lors de cette manifestation, l’historien Alain Ruscio a mis en lumière le contexte historique à la veille de la bataille de Dien Bien Phu, le rôle important du Général Vo Nguyen Giap - éminent stratège militaire du Vietnam, et la signification de la victoire qui a conduit à l’effondrement du colonialisme, marquant un nouveau développement du mouvement de lutte pour l’indépendance et la liberté des peuples colonisés, donnant naissance au mouvement de décolonisation dans le monde pendant les années 1960.

En outre, Alain Ruscio a fait une analyse des rapports de force entre les armées des deux pays selon lesquels, l’armée française possédait une nette supériorité en hommes et en matériel. Selon lui, la défaite de Dien Bien Phu a été la conséquence évidente des erreurs dans les calculs stratégiques des colonialistes français qui avaient sous-estimé la force d’un peuple déterminé à se soulever pour défendre son pays.

En effet, Maurice Jakubowicz, un délégué participant à la conférence a confié : « Pour ma génération, Dien Bien Phu était un élément considérable. La France a mené une guerre coloniale au Vietnam et elle a perdu. La population française n’a pas compris la politique du gouvernement de rester absolument au Vietnam, mais la défaite nous a surpris. Nous, on se rendait compte plus tard qu’un petit pays comme le Vietnam, s’il se mobilise correctement, il peut venir à bout d’une grande puissance militaire comme la France et cela est une surprise formidable ».

Pour sa part, le diplomate Claude Blanchemaison a raconté ses souvenirs du temps où il était ambassadeur de France au Vietnam, au moment où le Vietnam était en butte à d’innombrables difficultés parce qu’il commençait à s’ouvrir sur le monde. Il se rappelait ses entretiens avec le Général Vo Nguyen Giap, notamment lorsque ce dernier était venu à l’ambassade de France à Hanoi pour assister à la célébration du bicentenaire de la Révolution française (14 juillet 1789-14 juillet 1989).

Selon le diplomate français, le Général Giap était un homme très simple dans la vie quotidienne. Il aimait les valeurs de la Révolution française, notamment l’hymne national français - La Marseillaise. En effet, lors de la fête nationale de la France en 1989, lorsqu’on jouait La Marseillaise, le Général Giap s’est mis à fredonner le refrain « Aux armes, citoyens ! ». M. Blanchemaison a aussi souligné le rôle du Général Giap dans le cap de la coopération et du rapprochement entre la France et le Vietnam.

Organisée par le Conseil d’administration du Musée de l’Histoire vivante, la conférence est un événement important à l’occasion du 60e anniversaire de la bataille de Dien Bien Phu. Elle a prouvé que malgré les vicissitudes de l’histoire, le Vietnam et la France ont su mettre de côté le passé pour édifier, ensemble, les bonnes relations d’amitié et de coopération durant plusieurs décennies, dont le point culminant est la signature de l’Accord de partenariat stratégique à l’occasion de la visite en France en septembre dernier du Premier ministre Nguyen Tan Dung. -VNA