Concilier développement local et protection des forêts
À chaque arrivée de la saison sèche dans le
delta du Mékong, les autorités compétentes renforcent les activités de
communication auprès des habitants et les informent des règlements sur
la protection des forêts. De nombreuses localités ont élaboré leurs
propres règlements sur la protection et le développement des forêts.
Pourtant, ces activités ne sont pas efficaces car la plupart des
habitants qui exploitent illégalement la forêt sont pauvres. La forêt
est leur gagne-pain. À la saison sèche, les activités humaines en forêt
augmentent les risques d’incendies. En outre, personne parmi ces
«coureurs de bois» ne se soucie de l’impact de ses activités sur la
forêt. Un état d’esprit pourrait être résumé par l’expression «après moi
le déluge»...
Selon le Comité de pilotage de
prévention et de lutte contre les incendies de forêt de la province de
Hâu Giang, le braconnage et la cueillette du miel sont l’une des causes
principales des incendies de forêt dans le delta du Mékong.
Nguyên Van Cuong, directeur adjoint du Parc national d’U Minh Thuong
(province de Kiên Giang), fait savoir que malgré les contrôles et
inspections renforcés, ces activités perdurent avec des nuisances sur la
faune et la flore, et des risques d’incendies à la saison sèche. Selon
M. Cuong, le parc coopérera avec les communes de la zone tampon pour
sensibiliser les habitants.
«Mais la chose la plus
importante est de créer des conditions favorables pour que les habitants
des alentours puissent gagner leur vie de façon différente, ou s’ils
continuent d’exploiter la forêt, qu’ils le fassent dans le respect des
ressources naturelles», souligne M. Cuong.
M. Sau
Be, un habitant domicilié à côté du Parc national d’U Minh Ha, province
de Cà Mau, confie que depuis toujours, les habitants locaux tirent leur
subsistance des forêts. La cueillette du miel et d’autres produits des
colonies d’abeilles sauvages est un métier traditionnel. Le problème,
c’est que pour neutraliser les insectes, des feux sont allumés. Mal
contrôlés, ils peuvent se répandre et perdurer, selon les gardes
forestiers, pendant un mois ! La question qui se pose c’est comment
garantir le gagne-pain de ces cueilleurs tout en protégeant les forêts.
Le miel du Parc national d’U Minh Ha a une haute valeur économique et
vient d’être reconnu par le Département de la protection du droit
intellectuel du Vietnam.
Un groupe de cueilleurs de miel
Huynh Ngoc Cung, chef du hameau de Vo Doi, district d’U Minh, province
de Cà Mau, estime que la localité dispose de 863 ha de terre dont 130
ha contaminés par l’alun. Pour cette raison, les habitants ne peuvent
cultiver qu’une saison. Leurs conditions de vie sont difficiles et c’est
en forêt qu’ils tirent une grande partie de leur subsistance.
Selon M. Cung, il faut trouver une solution adéquate pour maintenir le
métier de cueilleur de miel tout en protégeant la forêt. Et c’est ainsi
qu’un groupe de chasse au miel est né.
Depuis
2013, le Fonds d’investissement pour la biosphère et de la biodiversité
de Cà Mau a investi dans la création d’un groupe de coopération pour la
cueillette du miel avec la participation de 15 familles de Vo Doi.
Chacun reçoit 1,5 million de dôngs pour acheter des équipements.
Selon Nguyên Van Hây, chef du groupe, l’objectif est d’encourager les
habitants à exploiter du miel sur une surface de forêt confiée par
l’État. «Ma famille gagne chaque mois 4 millions de dôngs grâce au miel
sur notre superficie de forêt. Les activités de ce groupe sont efficaces
et attirent plus de familles participantes», partage Nguyên Van Hây.
En confiant la gestion de parcelles de forêt à 500
familles vivant en lisière, les habitants ont pris conscience de la
nécessité de protéger les forêts. «La sensibilisation en coopération
avec le maintien des moyens de subsistance des habitants sont des
conditions sine qua non pour protéger et lutter contre les incendies de
forêts», affirme Huynh Minh Nguyên, directeur du Parc national d’U Minh
Ha.
La forêt de cajeputiers d’U Minh Ha attire
chaque année de nombreux visiteurs vietnamiens et étrangers. Un lieu
plein de mystères à découvrir pour ses paysages, sa nature sauvage et
ses nombreuses espèces animales, dont un certain nombre sont menacés à
l’échelle nationale ou même régionale. – VNA