Hanoi (VNA) - Chu Cuong voue un véritable culte au chèo (théâtre populaire). Au point de refuser le chemin tracé que lui ont réservé ses parents, afin de devenir artiste chèo. Son plus grand souhait est de contribuer à l’essor de cet art populaire dans le pays.

Chu Cuong, le cheo dans le sang hinh anh 1Le chèo coule dans les veines de Chu Cuong. Photo : ANTD
L’envie de rapprocher le chèo du grand public fait participer régulièrement Chu Cuong aux différents spectacles produits en plein air. L’occasion pour lui de faire découvrir cet art populaire aux spectateurs vietnamiens, mais aussi aux touristes étrangers.

Représentation dans plusieurs lieux

Accompagnée du son des tambours et des instruments traditionnels vietnamiens, la voix de Chu Cuong envahit la scène de la rotonde, appelée "Nhà bat giac" (Maison octogonale ou bien maison Kèn), au bord du lac Hoàn Kiêm (lac de l’Épée restituée). Avec un large répertoire, il embarque le public dans un voyage musical à travers des œuvres anciennes comme "Đào Liêu", qui raconte les chagrins d’amour d’un jeune homme avec une belle jeune femme, ou des textes modernes posés sur les mélodies anciennes comme "Quê huong on Bac", qui exprime la gratitude du pays envers le Président Hô Chi Minh. Si les spectateurs vietnamiens sont attentifs au texte, les touristes étrangers sont davantage intrigués par les instruments traditionnels.

Depuis plusieurs années, dans le cadre d’un programme de découverte et de préservation du dàn bâu (monocorde) et des instruments et chants traditionnels vietnamiens, Chu Cuong s’y produit régulièrement tous les mardis et jeudis, accompagné d’autres artistes émérites comme Hoàng Anh Tu, Thê Dân, Thanh Huong et de jeunes artistes de Hanoï. Sous la houlette du Service municipal des sports et de la culture, le programme fait découvrir les différents types d’arts traditionnels vietnamiens à la population et aux touristes étrangers venant admirer le lac Hoàn Kiêm.
 
Chu Cuong, le cheo dans le sang hinh anh 2Né dans les villages du delta du fleuve Rouge, le chèo se caractérise par la large place accordée à l’humour. Photo : VNA

"De nombreux habitants du Vieux quartier sont des habitués. Après un certain laps de temps sans jouer, certains accros sont montés sur scène me réclamer quelques-uns de leurs chants préférés", raconte Chu Cuong.

Ses spectacles touchent aussi les touristes étrangers. "Certains se mettent à danser en m’écoutant, quelques-uns souhaitent apprendre à chanter quelques phrases, tandis que d’autres m’ont fait part de leur surprise à la découverte de cet art si particulier, dont ils ignoraient l’existence", se remémore-t-il.

En dehors des présentations sur la scène de la rotonde, Chu Cuong se joint régulièrement à d’autres artistes dans les spectacles, toujours organisés par le Service municipal de la culture et des sports, qui ont lieu non loin de là, au temple Bà Kiêu ou au temple Huong Tuong.

Né pour cet art qu’il chérit tant

Ses multiples apparitions dans le cadre des événements du service municipal de la culture et des sports peuvent laisser penser à tort qu’il en est salarié. En effet, peu sont ceux qui savent qu’il travaille au théâtre de la Voix du Vietnam, l’entreprise de radiodiffusion publique du pays et que ce jeune Hanoïen a suivi des cours de chant par amour pour cet art.

Chu Cuong dit que dans sa famille, personne ne suit la voie artistique. Il a découvert le chèo durant son enfance, lorsque son grand-père et son père écoutaient la radio. À cette époque, les chants populaires et musiques traditionnelles prenaient une part importante dans la programmation radiophonique. Chu Cuong aime les rôles comiques qui apportent aux spectateurs le sourire, tout en dénonçant les injustices sociales sur un ton cynique et profond. À la fin du lycée, à l’insu de ses parents, il s’est inscrit au concours d’entrée à l’Université du théâtre et du cinéma.

"En apprenant mon choix, mes parents étaient furieux, eux qui voulaient m’orienter vers l’École militaire, en vue d’une carrière professionnelle dans l’armée", partage-t-il. "Mais ma passion était plus forte, c’est ce qui m’a incité à camper sur ma position. Après des mois de discussions, j’ai réussi à convaincre mes parents de me laisser suivre ma voie".

Avec l’objectif d’entrer au département de Théâtre et de chant traditionnels de l’Université, Cuong s’est entraîné sur "chèo loi lo, un chant populaire du Nord vietnamien et "xâm xoan". C’est avec ce "maigre" répertoire qu’il a passé le concours, lors duquel sa voix a fait mouche auprès du jury. Il en sortait major.

Une fois diplômé, Chu Cuong a immédiatement été dans le viseur des responsables du théâtre de la Voix du Vietnam, où un poste lui a été proposé. À son arrivée, il a pu compter sur des artistes émérites comme Hông Ngat, Van Chuong, mais aussi sur l’aide des autres membres du théâtre. Sa progression éclaire lui a permis d’obtenir un rôle comique dans les pièces importantes comme "Xa truong me dôp", "Tuần Ty đào Huế" ou encore "Xúy Vân".

Lors de ses tournées, Chu Cuong fait connaissance avec l’artiste émérite Doàn Thanh Binh, une voix célèbre dans le milieu du chèo vietnamien. Très marqué par la voix de Chu Cuong, qui ne peut, selon lui, s’exprimer pleinement à travers des rôles de comique, Doàn Thanh Binh lui conseille de travailler davantage pour prétendre à des rôles plus "complexes", et de ne plus se contenter de «simples» rôles de comique.

Auprès de lui, Chu Cuong a eu l’occasion d’apprendre les techniques difficiles de chèo. Avec son talent et sa passion, une courte période d’entraînement lui a suffi et Chu Cuong peut désormais briguer le rôle principal dans plusieurs pièces comme le rôle de Truong Viên dans la pièce du même nom, ou le rôle de Thiên Sy dans la pièce "Quan âm Thi Kinh", l’un des chef-d’œuvres immortels du chèo.

Quant à savoir ce qui l’a motivé à refuser le brillant futur promis par ses parents, et à poursuivre sa passion pour le chèo, Chu Cuong répond : "Je pense être né pour le +chèo+ et jouer de la comédie. J’aime la vie des artistes puisque je peux exprimer ma passion et apporter la joie, le sourire aux spectateurs. Cela suffit à mon bonheur". – CVN/VNA