Une première nationale en chirurgie de reconstruction de la bouche a récemment été réalisée à l’Hôpital franco-vietnamien de Hô Chi Minh-Ville (Sud) : le premier cancéreux de la langue à bénéficier, après ablation, d’une reconstruction par prélèvement de lambeaux sur l’avant-bras.

Des médecins de l’hôpital franco-vietnamien de Hô Chi Minh-Ville ont réalisé fin juin un tour de force. Ils ont réussi à reconstruire la langue d’un cancéreux en prélevant sur son avant-bras des lambeaux de peau. L’intervention chirurgicale a duré huit heures, selon le docteur Nguyên Quang Dai, chef du Département d’oto-rhino-laryngologie de cet hôpital, médecin principal de l’équipe chirurgicale.

Le patient, Trân Duc Tuân, 43 ans, était atteint d’un cancer foudroyant. Il avait été hospitalisé fin mai dans un état critique. Son cancer était au quatrième stade, avec des métastases dans le cou. Le cancer s’est développé en l’espace de deux mois, mettant sa vie en danger.

Après maints examens et analyses, les médecins ont décidé de couper la partie de langue ulcérée pour libérer le patient de sa douleur et lui permettre de manger.

Lors de l’opération chirurgicale, le patient a été anesthésié par voie trachéale. C’était indispensable pour favoriser l’opération complexe dans la cavité buccale, déclare le docteur Nguyên Quang Dai, chef de l’équipe chirurgicale. Les médecins ont procédé à un curage ganglionnaire dans le cou pour retirer tous les ganglions métastatiques. Beaucoup de ganglions de dimensions variées (de 0,5 à 3,5 cm) ont été retirés. Après, la moitié de la langue et le plancher buccal ont été enlevés. Enfin, la partie de la langue et le plancher buccal enlevés ont été reconstruits à partir de lambeaux de peau pris sur l’avant-bras du patient lui-même. Cette reconstruction a été réalisée avec des techniques sophistiquées pour assurer que le patient retrouve ses capacités d’avaler, de parler, et surtout la sensibilité de la partie de langue reconstruite. En plus, l’aspect esthétique n’a pas été négligé, indique le docteur Nguyên Quang Dai. Et de conclure : « L’opération chirurgicale a duré huit heures et il n’y a eu aucune complication. C’est un grand succès».

Le patient est en bonne santé

Le succès de cette opération complexe est le fruit de nombreux facteurs, toujours d’après le docteur Nguyên Quang Dai. Avant l’opération, le patient a passé de minutieux examens. Comme ce type d’opération dure en moyenne entre huit et dix heures, le patient devait être en bonne santé, sans problèmes cardiaques, de diabète... Pendant l’intervention, une bonne coordination entre les équipes de chirurgiens et d’anesthésistes a été nécessaire.

Grâce aux soins et au dévouement des médecins et infirmiers, le patient s’est vite rétabli. Deux jours après l’opération, il a pu bouger la langue. Cinq jours après, il a pu parler. Il mange bien et il se rétablit à vue d’œil. Onze jours après l’opération, il est sorti de l’hôpital. Il mange bien, respire normalement et retrouve confiance en la vie. Toutefois, il doit prendre des médicaments et reviendra régulièrement pour des examens.
Le docteur Nguyên Quang Dai a achevé en 2001 sa formation d’oto-rhino-laryngologie à l’École supérieure de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville. Entre 2003 et 2005, il a perfectionné sa formation à l’hôpital royal d’oto-rhino-laryngologique de Londres, puis a suivi un master à la faculté de médecine de l’Institut universitaire de Birmingham.

Outre ces formations en Grande-Bretagne, le docteur Nguyên Quang Dai a obtenu deux bourses d’études de la Fisch Internation Microsurgery Foundation et Sunnybrook pour des études approfondies sur les maladies de l’oreille en Suisse en 2009 et au Canada en 2011.

Avant d’être le chef du Département d’oto-rhino-laryngologie de l’hôpital franco-vietnamien de Hô Chi Minh-Ville, Nguyên Quang Dai a été chirurgien pendant 15 ans à l’hôpital Cho Rây, un des établissements médicaux les plus prestigieux de la mégapole du Sud. - VNA