La chute des cours du pétrole est considérée comme le facteur principal de la baisse, entre autres, des rentrées de l’État. Toutefois, les experts s’attachent à en souligner les effets positifs.

À New York, les cours du pétrole sont tombés à des niveaux sans précédent depuis presque six ans, les investisseurs anticipant de nouveaux mois de chute devant l’offre surabondante de brut. Très commentées sur le marché, les nouvelles prévisions de la banque d'affaires Goldman Sachs font état d'un WTI à 41 dollars dans trois mois et à 39 dollars dans six mois, avant un rebond jusqu'à 65 dollars dans un an, contre respectivement 70 dollars, 75 dollars et 80 dollars estimés auparavant.

Les perspectives pour le Brent de la mer du Nord étaient également maussades, les experts de la banque prévoyant un baril à 42 dollars dans trois mois et à 43 dollars dans six, puis à 70 dollars l'an prochain, contre 80, 85 et 90 dollars précédemment. Il y a peu de raisons justifiant un ralentissement de cette baisse des cours, ont ajouté les analystes de Morgan Stanley.

Cette chute a une double influence au Vietnam. D’une part, un pétrole bon marché dope la croissance économique nationale. Déjà, avec les baisses du baril intervenues, le prix des carburants dans le pays a été diminué à 13 reprises pour atteindre son plus faible niveau depuis quatre ans, au profit des consommateurs. Il ne s’agit pas seulement des particuliers, mais aussi et surtout des professionnels : les entreprises voient ainsi leurs coûts de revient baisser, gage d’une nouvelle compétitivité, tandis que le pays dispose de meilleures conditions pour maîtriser l’évolution des prix. Mais, d’autre part, cette situation se ressent sur les rentrées de l’Etat... Néanmoins, selon les économistes, les avantages prévalent.

Des efforts pour rééquilibrer le budget public


Selon Nguyên Xuân Son, président du conseil d’administration du Groupe du pétrole du Vietnam (PVN), si le baril tombe en dessous de 60 dollars, PVN réalisera un chiffre d’affaires de 515.000 milliards de dôngs et contribuera de 104.000 milliards de dôngs au budget public, au lieu de 718.000 milliards et 160.000 milliards de dôngs avec un baril à 100 dollars. En 2015, PVN prévoit d’exploiter 26,6 millions de tonnes de brut, soit un million de tonnes de moins que l’an dernier. En cette conjoncture de forte baisse sur les marchés mondiaux, PVN pense suspendre l’extraction sur ses gisements dont le coût d’exploitation est élevé.

Selon le ministère des Finances, chaque baisse d'un dollar du baril, l’État accuse un manque à gagner de 1.000 à 1.200 milliards de dôngs. Par ailleurs, le ministère du Plan et de l’Investissement a indiqué que les exportations du pétrole brut représentent 11% à 12% des rentrées du budget public. La chute du pétrole affecte donc considérablement le chiffre d’affaires national à l’exportation dans ce secteur.

En 2015, selon les prévisions, le pétrole brut dégagerait 93.000 milliards de dôngs avec un baril à 100 dollars, mais s’il descend à 70 dollars, un manque à gagner de 30.000 milliards de dôngs sera à déplorer. Et à supposer que le baril descende à 55 dollars, le budget d’Etat accuserait un manque de 45.000 milliards de dôngs. Et à 40 dollars/baril ? N’y pensons pas ! En prévision d’un scénario dans ce genre, le ministère des Finances a derechef souligné l’importance fondamentale d’élever le taux de recouvrement des taxes et impôts.

Selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, Vu Huy Hoàng, les exportations de brut représentent 10% des recettes budgétaires actuelles, au lieu de 20-30% auparavant. Quoi qu’il en soit, le pays ne dépend trop du baril en comparaison d’autres, et sur le long terme, plus le prix du pétrole baisse, plus l’économie vietnamienne en profitera. Et cela n’empêche en aucun cas le pays de viser une croissance économique de 6,2% en 2015. -CVN/VNA