Bac Giang (VNA) - Non content d'être un arbre séculaire, le camphrier millénaire du district de Lang Giang, dans la province de Bac Giang (Nord), fait partie intégrante de la vie culturelle et spirituelle des locaux. Un trésor naturel, gardé avec fierté depuis des générations.

Aux racines de l’histoire, le camphrier de Bac Giang hinh anh 1Le camphrier millénaire dans la commune de Tiên Luc, province de Bac Giang, planté juste à côté d’une maison commune. Photo: CVN
Le camphrier (Cinnamomum camphora) est un arbre aux vertus médicinales, originaire d’Asie orientale et d’Océanie. De ses écorces, on extrait l’essence aromatique, de l’huile essentielle et le camphre. Actuellement, on n’en recense qu’un nombre restreint à travers le monde, mais la province de Bac Giang, à 60 km de la capitale vietnamienne, a la chance de pouvoir en compter un spécimen.  

Planté dans la commune de Tiên Luc, district de Lang Giang, le camphrier atteint aujourd’hui 40 m de hauteur, et il est paré de sept grosses branches verdoyantes. Le diamètre de son pied varie entre 8,3 et 11 m au maximum. L’imposant camphrier suscite toujours autant d’admiration de la part des habitants. «Le feuillage est vert toute l’année. Ses fleurs, de couleur jaune clair, s’épanouissent en avril, et leur parfum inonde les environs», glisse Mme Lan, une résidente de la commune.

Aux racines de l’histoire, le camphrier de Bac Giang hinh anh 2Son gros pied présente encore des traces des anciennes branches cassées. Photo: CVN
Reconnaissance nationale et internationale

En marge d’un colloque dédié à cet arbre en 2011 par le Centre d’études et de développement de la biodiversité, les scientifiques vietnamiens et étrangers ont estimé que ce camphrier existe depuis plus de 1.000 ans.

Par sa rareté et sa taille, le camphrier de Tiên Luc est reconnu comme le 2e plus grand spécimen au monde selon le Larousse. D’après les villageois et les annales historiques, le roi Lê Canh Hung (1740-1786), de passage dans la région, a été impressionné par sa beauté et sa magnificence. Il l’a immédiatement sacré «plus grand camphrier royal du pays». Une réputation qui a traversé les âges et les frontières. Une photo de l’arbre a été présentée à la foire de Marseille de 1932, et l’École française d’Extrême-Orient l’a classé dans la liste des arbres séculaires précieux du Nord du Vietnam en 1938. Et la consécration est venue le 21 janvier 1989, date où il a été classé patrimoine historique national.

Des mythes accrochés à ses branches

La tradition orale locale a permis de transmettre les mythes entourant le camphrier. Il se dit qu’à chaque fois qu’une branche se casse, un grand événement au niveau national va se produire. «En 1930, une branche pointant vers le Nord s’est brisée, ce fut la fondation du Parti communiste vietnamien. En 1945, c’est au tour d’une autre se dirigeant vers le Sud, et ce fut l’année de la Révolution d’Août et la Déclaration de l’Indépendance du Vietnam. Une branche orientée vers l’Ouest s’est cassée en 1975, et il y a eu la libération totale du Sud et la réunification du pays», se souvient Nguyên Van Dê, un habitant chargé de soigner et de protéger le précieux végétal.

Aux racines de l’histoire, le camphrier de Bac Giang hinh anh 3Son feuillage est vert toute l'année. Photo: CVN
Chaque semaine, environ 300 visiteurs se rendent dans la ville pour l’admirer, et plus particulièrement pendant la période de floraison. «Pour nous, ce camphrier est considéré comme un être vivant, voire un génie protecteur de la région. Il fait partie de notre vie quotidienne», affirme M. Dê. Les autorités provinciales ont, par ailleurs, confirmé qu’un dossier est en cours de préparation auprès de l’UNESCO en vue d’une reconnaissance en tant que patrimoine mondial naturel. – CVN/VNA