Vi Giam de Nghê Tinh a été officiellement reconnu patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Il s’agit du neuvième patrimoine culturel immatériel du Vietnam honoré sur la scène internationale.

Le chant folklorique Vi Giam a une vitalité très forte. Il a non seulement existé dans le passé mais s’est constamment développé dans le cœur des gens de Nghê An et Hà Tinh (« Nghê Tinh ») jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi les gens de ces provinces ont un dicton célèbre : «Le chant folklorique Vi Giam ne serait perdu que si les habitant de Nghê An perdaient leur voix.»

Peu de temps après que ce chant folklorique a été officiellement honoré par l'UNESCO, nous sommes allés à Nghê An, «pays du chant Vi, Giam» pour se renseigner sur ses particularités.

À six heures, nous avons quitté Hanoi. Notre première destination a été la commune de Kim Liên, district de Nam Dàn, province de Nghê An, terre natale du Président Hô Chi Minh. Cet endroit est l'un de ceux où le mouvement Vi, Giam est le plus vivace. C’est aussi le berceau du Vi Phuong Vaï, l'un des plus célèbres airs du Vi, Giam de Nghê Tinh.

Nous avons été reçus par Trinh Minh Hung, un cadre chargé des affaires culturelles du district de Nam Dàn. Minh a composé les paroles de la plupart des chansons Vi, Giam pour les clubs de Vi, Giam de la région. Il nous a conduits à une maison vieille de cent ans à Kim Liên où se déroulent régulièrement les activités du club Vi Phuong Vaï, qui compte près de 30 membres.

Là, nous avons rencontré Trân Van Tu. Même âgé de plus de 80 ans, il se souvient encore exactement de toutes les paroles des chansons Vi Phuong Vaï ainsi que de leur histoire. Selon lui, autrefois, tous les jeunes hommes et femmes du village de Kim Liên pouvaient chanter des airs de Vi Phuong Vaï. Ils chantaient tout en travaillant, pour plus d’ardeur et de joie. Beaucoup de jeunes hommes et femmes se sont connus puis se sont mariés grâce au Vi Phuong Vaï.

La caractéristique la plus marquante du Vi Phuong Vaï est ses paroles raffinées. Le vieux Tu nous a raconté que lorsqu’il était jeune, l'Oncle Hô suivait souvent les adultes de la région pour écouter le chant Vi Phuong Vaï. Ce détail a inspiré le compositeur An Thuyên pour composer sa célèbre chanson «En écoutant la barcarolle la nuit, on se souvient de l'Oncle Hô», dans lequel il a écrit : «L’Oncle Hô a suivi la guilde pour écouter le chant, debout dans la cour, le pantalon retroussé ...»


Aujourd'hui, bien que le tissage n’existe plus à Nam Dàn, le chant folklorique Vi, Giam est resté intact. Pour le prouver, Minh nous a amené visiter l’école secondaire Kim Liên. Au cours de la leçon de musique de la classe 8A1, l’enseignante Nguyên Thi Mai Lan a appris aux élèves comment chanter du Vi, Giam. Ainsi, les élèves sont progressivement imprégnés des chansons de leur pays natal. Il nous a dit que la plupart des écoles de Nam Dàn ont introduit le chant folklorique Vi, Giam dans leurs programmes et activités parascolaires.

Le deuxième jour, nous sommes allés au district de Thanh Chuong, bien connu pour le chant Vi Phuong non, un type populaire et simple mais poétique.

Le district de Thanh Chuong a le club de chant folklorique Vi, Giam Ngoc Suong qui a le mérite pour la reconstruction des lieux de chant Vi, Giam, pour préparer le dossier soumis à l'UNESCO.

Quand nous sommes arrivés au club, les chanteurs répétaient pour se préparer à la cérémonie de réception du certificat de l'UNESCO reconnaissant le chant folklorique Vi Giam en tant que patrimoine culturel immatériel mondial. Ce certificat a été remis aux Comités populaires des provinces de Nghê An et Hà Tinh le 31 janvier 2015.

Vo Thi Vân, présidente du club, a dit qu'elle et Vu Trong Thin, le musicien du club, avaient préparé ensemble un programme complet, de la mise en scène à l'écriture des paroles. Bien que le club ait été créé il y a seulement 5 ans, il compte déjà plus de 40 membres et se réunit deux fois par semaine.

En 2014, Vo Thi Vân a été reconnu « Artisane émérite » pour ses grandes contributions à la préservation et au développement du chant folklorique Vi Giam. Vân nous a dit avec émotion: «Après de nombreuses années d'attente, lorsque j’ai appris que le Vi, Giam de ma terre natale avait été reconnu patrimoine de l'humanité, j’ai pleuré de joie !».

Le troisième jour, nous sommes retournés dans la ville de Vinh. Là, nous avons rencontré l'artiste Hông Luu, directeur adjoint du Centre pour la Conservation et le Développement des chants folkloriques de Nghê An. Hông Luu est chargé de préserver et de développer le Vi, Giam.

Selon lui, la scénarisation est une direction très importante dans la conservation et le développement de cet art folklorique.

En 1970, le chant dramatique «C’est pas moi» de la Troupe de chant folklorique de Nghê Tinh a été présenté au public, avec un grand succès, marquant le début du chant Vi, Giam à caractère dramatique. Plus tard, de nombreux drames bien connus de ce type ont été mis en scène, telles que la « Fille sur la rivière Lam» et «Ses paroles sont celles du pays », ce dernier joué plus de 1.000 fois dans de nombreux lieux à l'intérieur et en dehors de la province.

Les autorités de Nghê An et Hà Tinh ont pris des mesures pour conserver et développer le chant Vi Giam, telles que organisation de concours, présentation de ce chant dans les écoles, publication de documents, de livres, de CD...

On pensait que la vie moderne avait rendu les gens moins attachés aux chansons folkloriques. Pourtant, à Vinh, les clubs de Vi Giam se développent fortement. Par exemple, celui du quartier de Vinh Tân compte près de 40 membres et la plupart d'entre eux sont des fonctionnaires. Mais sur scène, ils se transforment en agriculteurs expérimentés. En voyant de jeunes hommes et femmes, pieds nus, labourer les champs comme les agriculteurs en chantant du Vi Phuong Cây, on peut ressentir l'amour des habitants de Vinh pour ce chant folklorique.

Nguyên Thanh Vân, présidente du club de Vinh Tân, a informé que son club a été créé en 2011 et qu’il compte plus de 40 chanteurs. Le plus jeune est Trà My, 7 ans, et le plus ancien est un fonctionnaire à la retraite de plus de 70 ans.

Bien que nous sommes restés à Nghê An, le pays du Vi Giam, seulement trois jours, nous avons vu l'amour de la population pour ce patrimoine vocal. Et nous sommes repartis convaincus que ce chant existerait à jamais dans les provinces de Nghê An et Hà Tinh. -VNP/VNA