Hanoi, 29 juillet (VNA) – Trân Duc Ngoc (Julien Trân) a été deux fois champion d’Asie de poker. Cet ingénieur en informatique formé en France est maintenant enseignant, à Hô Chi Minh-Ville, du premier atelier au Vietnam de formation au poker.
 
A la table du double champion de l’Asian Poker Tour hinh anh 1Trân Duc Ngoc brandissant son trophée de champion d’Asie de poker 2016. Photo : NVCC/CVN

Né en 1984 à Hanoï, Trân Duc Ngoc a été élève de la classe de physique du lycée spécialisé Hanoï-Amsterdam. Diplômé en télécommunications à l’Institut national des sciences appliquées (INSA) de Lyon, il a ensuite enchaîné par un master à Chicago, aux États-Unis. Après avoir participé à la conception des applications d’iPhone, Ngoc est retourné en France pour devenir créateur d’applications mobiles.

Ngoc possède son propre appartement à Paris. Naturalisé français, sa vie a pris un virage à 180 degrés en 2011 lorsqu’il s’est pris de passion pour le poker. «J’admire les gens destinés à un seul métier. Personnellement, je souhaite toujours partir vers d’autres horizons afin de développer de nouvelles compétences. Le poker et moi, ce fut un coup de foudre», partage Ngoc.

De la passion au métier lucratif

Chose incroyable, Ngoc a appris le poker dans le fameux bouquin "Le poker pour les nuls !" Il a lu depuis plus de 50 livres pour comprendre toutes les facettes de ce jeu. Un pur autodidacte, donc. «Auparavant, en France, je travaillais pour assouvir ma passion du poker. Maintenant, c’est l’inverse, c’est le poker qui me fait vivre, me donne du bonheur et de l’inspiration pour mon travail d’ingénieur informatique», ajoute-t-il.

Vainqueur du Vietnam Poker Tour en 2015 et deux fois champion de l’Asian Poker Tour, Ngoc tient à préciser que ses défaites au poker sont innombrables, mais qu’elles lui ont permis de progresser.

Il considère que le poker est auréolé au Vietnam d’un certain nombre de préjugés difficiles à déraciner. «On pense que le poker est un jeu de hasard et d’argent. Mais non, c’est en réalité un jeu de statistiques, un peu comme un investissement sur le marché des changes (forex)», souligne-t-il.

Cet ingénieur français de souche vietnamienne assure que le poker convient bien au caractère des Vietnamiens, qui adorent les jeux de cartes. Malgré de nombreuses difficultés, plusieurs clubs de poker se sont ouverts récemment un peu partout dans le pays : Hanoï, Hô Chi Minh-Ville, Dà Nang, Thai Nguyên, Binh Duong, Nha Trang, etc. Plusieurs tournois gratuits ont été organisés, montrant l’intérêt des gens pour ce sport cérébral.

Le premier atelier de poker au Vietnam
 
A la table du double champion de l’Asian Poker Tour hinh anh 2Trân Duc Ngoc (en cravate) anime l’atelier de formation au poker, le 22 mai 2017 à Hô Chi Minh-Ville. Photo : TTHCM/CVN

«Le joueur de poker a besoin d’un bon QI (quotient intellectuel) et d’un bon QE (quotient émotionnel). Gagner de l’argent est possible, et les vieux ont autant de chance de gagner que les jeunes», assure-t-il. Ngoc est très optimiste quant au développement du poker au Vietnam, qu’il soit amateur ou professionnel. Une mission à laquelle il s’attèle à travers le site d’enseignement Pokercoach.

En 2014, le poker a obtenu un statut légal au Vietnam. Pendant longtemps, tous les jeux de cartes étaient considérés comme des jeux d’argent, donc interdits par la loi vietnamienne. Cette manière de voir vient de changer avec l’apparition des jeux de cartes occidentaux comme le poker et le bridge, qui sont vus comme des sports de réflexion, donc légaux, reconnus par le Comité international olympique (CIO), puis récemment par les autorités vietnamiennes.

Depuis, plusieurs tournois ont été organisés. Finalement, le 22 mai 2017, le premier atelier au Vietnam de formation au poker a été ouvert par le Service de la culture et des sports de Hô Chi Minh-Ville. Trân Duc Ngoc est le seul enseignant. «Il faut comprendre les fondements de ce jeu de cartes, pour qu’il ne devienne pas un jeu d’argent mais un sport à pratiquer correctement. Rappelons que les Allemands sont les meilleurs du monde dans ce jeu, grâce à leur discipline de fer», partage-t-il.

Le rêve de devenir champion du monde

Un emploi du temps chargé ne gêne pas ce joueur de poker professionnel à suivre une autre passion : les voyages. «J’aime travailler un peu partout, sur une plage ou en montagne. Voyager m’offre liberté et créativité», dit Ngoc.

Déjà deux fois champion d’Asie, son rêve actuel n’est rien d’autre que le titre du «World Series of Poker», c’est-à-dire celui de champion du monde, que certains joueurs d’origine vietnamienne ont déjà remporté.

«Pour gagner la vie, toutes les voies sont possibles. Il est bon parfois de faire autre chose ce dont à quoi vous avez été formés, ou d’explorer de nouveaux secteurs. Dès lorsque vous savez ce que vous voulez, vous devez trouver le chemin pour y arriver. Le point clé est la confiance», conclut-il. – CVN/VNA